Dernière modification de l’article le 5 décembre 2024 par Admin
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi un élève, capable de réciter sa leçon parfaitement à la maison, se fige totalement le jour de l’examen ? Pourquoi un exercice simple peut soudain sembler insurmontable, comme une montagne infranchissable, dès que la pression monte ?
Est-ce un manque de travail ? De concentration ? Ou est-ce que le stress joue un rôle bien plus puissant que ce que l’on imagine ?
Et si comprendre ce qui se passe dans leur cerveau sous stress était la clé pour les aider à dépasser ces blocages ?
La réponse pourrait bien changer votre manière d’enseigner… et leur façon d’apprendre.
Article et texte écrits par Jean-François MICHEL Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013 et 2019
Quand le cerveau tire la sonnette d’alarme : comprendre et agir face au stress
Imaginez une salle de concert où règne une harmonie parfaite. Les musiciens sont prêts, les instruments impeccablement accordés, les partitions soigneusement déployées. Le chef d’orchestre, incarnation du contrôle et de la coordination, lève sa baguette pour diriger une symphonie fluide et puissante. Mais soudain, une alarme stridente retentit. Les musiciens se figent, désorientés. Les notes s’éteignent, et le chef d’orchestre disparaît, laissant place au chaos.
C’est exactement ce qui se passe dans votre cerveau lorsqu’il est soumis au stress.
L’amygdale : un chef d’orchestre par défaut
Dans un cerveau calme, le cortex préfrontal, siège de la réflexion, de la planification et de la régulation des émotions, joue le rôle du chef d’orchestre. Il coordonne les différentes parties du cerveau pour exécuter des tâches complexes : résoudre un problème, mémoriser une information ou répondre à une situation de manière réfléchie.
Cependant, sous l’effet du stress, ce bel équilibre est bouleversé. L’amygdale, cette petite structure en forme d’amande nichée au cœur du système limbique, reprend le contrôle. Son rôle premier est de garantir la survie. Face à une menace perçue, qu’elle soit réelle (un danger physique) ou symbolique (comme un examen ou une critique), l’amygdale sonne l’alarme.
Ce réflexe, profondément ancré dans notre évolution, active une réponse immédiate que l’on peut résumer en trois mots : lutte, fuite ou inhibition. Ce sont des réponses archaïques que nous partageons avec de nombreux animaux, des mécanismes décrits en profondeur par le célèbre chercheur Henri Laborit.
Le cerveau limbique : gardien de nos instincts de survie
Le système limbique, souvent surnommé le « cerveau émotionnel », prend alors les commandes. À l’intérieur de ce système, l’amygdale orchestre une cascade d’événements :
- Activation physiologique : Le rythme cardiaque s’accélère, la respiration devient superficielle, et les muscles se tendent pour préparer le corps à réagir.
- Inondation hormonale : Le cortisol et l’adrénaline, les hormones du stress, envahissent le sang, amplifiant l’état d’alerte.
Pendant ce temps, l’hippocampe, chargé de transformer les informations en souvenirs durables, est court-circuité. Privé de ses ressources, il ne peut plus stocker ni organiser les informations. C’est pourquoi, sous l’effet du stress, un élève peut relire une consigne dix fois sans la comprendre ou oublier une réponse qu’il connaissait parfaitement.
Henri Laborit et la triade comportementale : lutte, fuite ou inhibition
Henri Laborit, chercheur et médecin pionnier dans l’étude des mécanismes biologiques du stress, a introduit le concept de triade comportementale face à une menace. Ses recherches, particulièrement celles présentées dans Éloge de la fuite (1976), décrivent trois réactions fondamentales du cerveau lorsqu’il perçoit un danger :
- Lutte : Une réponse active et proactive face au danger, où l’individu mobilise toutes ses ressources pour surmonter l’obstacle.
- Fuite : Une tentative d’échapper à la situation stressante, souvent perçue comme une solution rapide pour éviter un conflit ou une pression excessive.
- Inhibition de l’action : Lorsque ni la lutte ni la fuite ne sont possibles, l’individu entre dans un état de paralysie ou de sidération. Ce mécanisme, ancré dans le cerveau limbique, est une réponse automatique visant à économiser les ressources et à « attendre que le danger passe ».
Laborit a démontré que cette dernière réponse, l’inhibition, est particulièrement préjudiciable, car elle génère une accumulation de stress non exprimé. Cet état peut entraîner des troubles psychologiques et physiques, notamment une hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, responsable de la sécrétion excessive de cortisol, l’hormone du stress (Laborit, 1976).
Le stress et ses impacts chez les élèves
Chez les élèves, ces mécanismes sont omniprésents, mais souvent mal compris. L’inhibition de l’action, par exemple, se traduit fréquemment par des comportements de blocage :
- Un élève qui refuse de répondre à une question, non pas par ignorance, mais par incapacité à accéder à l’information sous l’effet du stress.
- Un élève qui abandonne face à un problème complexe, non pas par manque d’effort, mais parce que son cerveau a activé un mode de « protection » qui bloque tout traitement cognitif approfondi.
Ce phénomène n’est pas qu’un ressenti : il a été corroboré par des études neurobiologiques. Par exemple, une recherche menée par Arnsten et al. (Biological Psychiatry, 2009) a montré que le stress aigu inhibe l’activité du cortex préfrontal, zone clé pour la prise de décision et la régulation des émotions. À la place, le système limbique (incluant l’amygdale) prend le relais, déclenchant des réactions automatiques et réduisant les capacités d’apprentissage.
Les effets du stress sur l’apprentissage
Le stress agit comme un saboteur silencieux des processus cognitifs. Voici les principaux impacts identifiés par la recherche :
- Baisse de la concentration
Sous l’effet du stress, les pensées deviennent désordonnées, ce qui rend difficile le maintien de l’attention. Une étude de Sandi et Pinelo-Nava (Nature Reviews Neuroscience, 2007) a révélé que le stress chronique altère les circuits neuronaux impliqués dans l’attention, créant un cercle vicieux : plus un élève est stressé, moins il peut se concentrer, ce qui accroît encore son stress. - Accès limité aux connaissances
Le stress bloque l’hippocampe, responsable de la mémoire à long terme. Lorsque cette région est perturbée, l’élève ne parvient pas à mobiliser des souvenirs ou des connaissances qu’il possède pourtant. Cette « déconnexion » a été illustrée dans une étude de Vogel et Schwabe (Behavioral Neuroscience, 2016), qui a montré que les sujets stressés avaient des difficultés à récupérer des informations apprises même récemment. - Mémoire inefficace
Le stress entrave la consolidation des nouvelles informations. Au lieu d’être stockées dans la mémoire à long terme, elles restent en surface et finissent par s’effacer rapidement. Une recherche de McEwen et Sapolsky (Annual Review of Neuroscience, 1995) a détaillé comment le cortisol, en excès, peut endommager les neurones de l’hippocampe, réduisant ainsi sa capacité à traiter et à stocker les informations.
Ces conclusions mettent en lumière un fait essentiel : un cerveau stressé ne peut pas apprendre efficacement.
La jarre fissurée
Imaginez que l’apprentissage soit comme verser de l’eau dans une jarre. Dans un cerveau en état de calme, la jarre est intacte : chaque goutte d’eau reste en place, contribuant à remplir le récipient. Mais lorsque le stress entre en jeu, des fissures apparaissent. Peu importe la quantité d’eau versée, celle-ci s’échappe presque immédiatement.
Sous l’effet du stress, tout se complique. Votre élève sait sa leçon, mais dès que l’examen commence, c’est le vide. Le cerveau, submergé, passe en mode survie. Plus question de réfléchir : l’amygdale, ce petit centre d’alarme niché au cœur du cerveau, a pris le contrôle.
Et l’amygdale n’a qu’un plan : fuir, combattre ou se figer.
Résultat ?
Le cortex préfrontal, là où naissent la réflexion, la concentration et l’apprentissage, est mis sur pause. Comme si l’électricité de la classe était coupée en pleine leçon.
Lorsque vous voyez un élève bloqué, démotivé ou agité, il ne s’agit pas d’un manque de capacités ou d’efforts, mais d’un cerveau fissuré par le stress. Réparer ces fissures, en enseignant des techniques de gestion du stress, devient alors une priorité.
Comment reprendre le contrôle du stress et restaurer l’équilibre cérébral
Le stress, bien qu’inévitable dans de nombreuses situations, n’est pas une fatalité. Si ses effets sur le cerveau sont automatiques et parfois envahissants, il est possible de rétablir l’équilibre grâce à des stratégies scientifiquement prouvées. Ces approches permettent au cortex préfrontal, siège de la réflexion et de la régulation des émotions, de reprendre son rôle de chef d’orchestre et d’apaiser les réactions impulsives de l’amygdale.
Voici quatre stratégies clés, validées par la recherche, pour gérer le stress efficacement et restaurer la capacité d’apprentissage.
1.Et si un simple souffle pouvait réduire le stress chez vos élèves ?
Imaginez : un contrôle approche, les visages se crispent, les regards se perdent. Les élèves, nerveux, triturent leurs stylos. Et vous, au centre de ce tourbillon, ressentez l’agitation monter. Vous savez que dans ces conditions, il sera difficile de leur faire donner le meilleur d’eux-mêmes.
Et si je vous disais qu’il existe une solution ? Une technique simple, gratuite, accessible immédiatement. Une méthode validée par la science, capable de calmer l’esprit en quelques minutes. Pas de gadget sophistiqué, pas de promesse creuse : juste un souffle.
Oui, la respiration peut changer la donne.
Le secret : la respiration cohérente
Rien de plus simple. Inspirez pendant 4 secondes, expirez pendant 6 secondes. Répétez. Et observez.
Que se passe-t-il ?
En ralentissant votre respiration, vous activez un allié souvent méconnu : le nerf vague. Ce petit miracle biologique agit comme un interrupteur, basculant votre corps du mode « alerte rouge » au mode « tout va bien ».
En clair : vous dites à votre cerveau que le danger est passé, même si ce danger n’est qu’un exercice de mathématiques ou une échéance imminente.
Études scientifiques sur la respiration cohérente
Les bienfaits de la respiration cohérente sont validés par la recherche :
Une étude de Lehrer et al. (Applied Psychophysiology and Biofeedback, 2000) montre que la respiration cohérente réduit le cortisol, cette hormone du stress qui perturbe nos performances.
Brown et Gerbarg (Journal of Alternative and Complementary Medicine, 2005) confirment que cet exercice simple améliore la concentration et renforce la mémoire.
Telles et al. (International Journal of Yoga, 2010) démontrent qu’en seulement 5 minutes, la respiration cohérente calme l’agitation mentale.
Transformez la classe en 5 minutes chrono
Imaginez ce scénario :
La cloche sonne. Les élèves entrent, dissipés, bavards. Vous ne dites rien. Au lieu de vous battre pour obtenir le silence, vous annoncez calmement : « Fermez vos yeux. Inspirez. Expirez. »
Pendant 5 minutes, vous guidez leur souffle. Et ce qui semblait impossible se produit : l’agitation disparaît. L’atmosphère change.
Vos élèves, autrefois distraits, sont prêts. Ils écoutent. Ils comprennent.
Pourquoi ça fonctionne si bien ?
Parce que le stress n’est pas seulement un problème émotionnel. C’est une tempête dans le corps, et cette tempête peut être apaisée.
Quand vous montrez à vos élèves comment utiliser leur respiration, vous leur offrez bien plus qu’une solution immédiate. Vous leur donnez une clé de vie. Une arme qu’ils pourront utiliser avant un oral, une compétition ou une situation difficile dans leur vie personnelle.
Un rituel qui change tout
Faites de la respiration cohérente une habitude :
- Avant un examen : pour calmer les nerfs et maximiser les performances.
- En début de journée : pour recentrer l’attention et commencer du bon pied.
- Après une pause agitée : pour rétablir le calme et la concentration.
2.Encourager le mouvement : libérer l’énergie du stress
Le stress n’est pas seulement mental ; il est aussi physique. L’énergie accumulée doit être libérée pour éviter qu’elle ne se transforme en tensions ou en blocages cognitifs.
Le stress, c’est comme une énergie comprimée, un ballon sur le point d’éclater. Alors, que faire ?
La réponse est simple : faites bouger vos élèves.
Quand le corps bouge, l’esprit suit
Le stress mobilise tout le corps : le rythme cardiaque s’accélère, les muscles se contractent, et une énergie brute s’accumule, prête à exploser. Si cette énergie reste coincée, elle se transforme en tension, en frustration, en blocage.
Mais si vous laissez cette énergie circuler, vous débloquez tout :
- Les tensions s’apaisent.
- Le cerveau retrouve sa concentration.
- Les élèves sont prêts à apprendre.
La science derrière le mouvement
Le mouvement n’est pas seulement une solution pratique, c’est une solution prouvée :
- Les endorphines : L’activité physique stimule leur production, réduisant le stress et boostant l’humeur.
- Une meilleure oxygénation du cerveau : En bougeant, on respire mieux, et le cerveau reçoit plus d’oxygène. Cela améliore la concentration et la mémoire (Spark: The Revolutionary New Science of Exercise and the Brain de Ratey).
- La régulation du cortisol : Une étude de Wegner et al. (Health Psychology Review, 2014) prouve que l’exercice physique diminue les niveaux de cortisol, apaisant ainsi l’esprit.
Comment intégrer le mouvement en classe ?
Pas besoin de transformer votre salle en gymnase. De simples ajustements suffisent pour libérer cette énergie et recentrer vos élèves :
- Les étirements magiques
- Levez les bras au ciel, tirez doucement.
- Inclinez la tête à gauche, puis à droite.
- Faites des cercles avec vos épaules.
- La marche qui reconnecte
- Demandez à vos élèves de se lever, de marcher autour de leur bureau ou dans le couloir.
- Pas besoin d’aller vite : l’objectif est de casser la posture statique.
- La danse libératrice
- Mettez une musique entraînante et laissez vos élèves bouger.
- Les rires qui suivent indiquent une chose : le stress est parti.
- Les mini-jeux actifs
- Revisitez un « Jacques a dit » ou proposez des défis simples : « Sautez sur place trois fois, touchez vos pieds, puis levez les bras. »
Pourquoi le mouvement est-il si puissant ?
Parce qu’il agit sur deux fronts à la fois :
- Il calme les tensions physiques : Les muscles se relâchent, et les hormones de stress diminuent.
- Il reconnecte le cerveau : Le mouvement active l’hippocampe et stimule les fonctions exécutives.
Ce que vous gagnez à encourager le mouvement
Imaginez une classe où l’énergie circule librement. Où les élèves, au lieu d’être coincés dans leur stress, s’appuient sur leur corps pour libérer leur esprit.
Chaque pause active, chaque étirement ou chaque pas effectué les aide à se recentrer et à apprendre efficacement.
Fractionner les tâches : surmonter la paralysie du stress
Comme l’a démontré Henri Laborit, la paralysie face au stress résulte souvent d’un sentiment d’impuissance face à une tâche perçue comme insurmontable. Le cerveau, submergé par la peur de l’échec, entre dans un état d’inhibition de l’action.
Imaginez :
Un élève face à un problème de mathématiques. Ses sourcils se froncent, son regard devient vide. Vous voyez la panique monter. Il commence à effacer frénétiquement ses calculs, puis… il abandonne.
Ce blocage, vous le connaissez. Ce moment où le stress prend le dessus, où l’élève ne sait plus par où commencer. Ce n’est pas qu’il ne sait pas. Ce n’est pas qu’il ne veut pas. C’est qu’il ne peut pas.
Et si je vous disais que vous pouvez changer cela ? Qu’il suffit de fractionner, de découper cette montagne en petites collines.
Pourquoi fractionner fonctionne ?
Quand une montagne paraît trop haute, on ne saute pas au sommet d’un coup. On avance un pas à la fois.
Fractionner, c’est exactement cela.
C’est diviser une tâche complexe en étapes simples, abordables, réalisables. Chaque petite victoire redonne de la confiance et libère de la dopamine, l’hormone du plaisir et de la motivation. Cette dopamine est un carburant pour le cerveau.
La science derrière cette méthode
- La charge cognitive :
John Sweller, dans sa théorie de la charge cognitive (Educational Psychology Review, 1988), a montré que le cerveau ne peut traiter qu’une quantité limitée d’informations à la fois. Fractionner une tâche réduit cette surcharge, permettant au cerveau de fonctionner de manière optimale. - La progression motive :
Amabile et Kramer (Harvard Business Review, 2011) ont prouvé que réaliser des progrès, même modestes, crée un cercle vertueux. Chaque étape accomplie renforce la confiance et stimule la motivation. - La réduction du stress :
Porges, dans The Polyvagal Theory (2011), explique que des défis gérables apaisent le système nerveux. Fractionner permet de réduire l’activation de l’amygdale et de réactiver le cortex préfrontal.
Comment fractionner concrètement ?
1.Identifiez la montagne
Prenez une tâche complexe – un exercice, une rédaction, un projet – et décomposez-la.
Exemple pour une rédaction :
- Étape 1 : Trouver une idée principale.
- Étape 2 : Écrire une phrase d’introduction.
- Étape 3 : Lister trois arguments.
Chaque étape est une colline, pas une montagne.
Guidez un pas à la fois
Un élève bloqué a besoin d’un plan clair. Donnez-lui une étape à la fois. Une fois celle-ci accomplie, passez à la suivante.
Exemple en mathématiques :
- Étape 1 : Identifier les termes connus.
- Étape 2 : Écrire l’équation simplifiée.
- Étape 3 : Résoudre étape par étape.
3.Célébrez chaque victoire
Chaque pas, aussi petit soit-il, mérite une reconnaissance. Quand un élève franchit une étape, félicitez-le. Cela crée une boucle positive : il voit qu’il progresse, et cette progression lui donne envie de continuer.
Exemple :
« Bravo, tu as trouvé les termes connus. C’est exactement ce qu’il fallait faire. Passons à la suite ! »
Pourquoi ça marche ?
Parce que fractionner transforme une mission impossible en une série de défis gérables. Chaque étape franchie réactive le cortex préfrontal, apaise l’amygdale et redonne confiance à l’élève.
C’est comme gravir une montagne avec un guide qui dit :
« Regarde, on a déjà monté cette colline. Et la suivante ? Facile, on va y arriver. »
Ce que vous gagnez en fractionnant les tâches
- Des élèves engagés : Au lieu d’abandonner, ils osent essayer.
- Des apprentissages plus profonds : En réduisant le stress, le cerveau peut se concentrer sur la compréhension.
- Un climat de classe positif : Chaque petite réussite nourrit la motivation collective.
4.Un simple jeu pour casser l’agitation ?
Imaginez : la classe démarre, l’agitation est encore palpable. Les élèves s’installent, leurs pensées dispersées entre la récréation passée et le devoir à venir. Leur énergie est partout, sauf là où elle devrait être.
Et si, en 30 secondes seulement, vous pouviez capter leur attention, les recentrer et leur donner un avantage pour réussir leurs examens ?
Pas de pause imposée. Pas d’exercice formel. Juste une habitude naturelle, déguisée en jeu.
Bienvenue dans la chasse aux détails.
Un rituel qui ressemble à un jeu mais enseigne une compétence essentielle
L’idée est simple : transformer un moment de calme en un entraînement masqué à l’observation et à la concentration. Vos élèves n’y voient qu’un jeu, mais en réalité, ils développent leur capacité à gérer leur stress et à se concentrer sous pression.
Comment ça fonctionne ?
1.La mise en contexte qui les intrigue
Pour embarquer vos élèves, commencez par leur expliquer pourquoi cette activité est bien plus qu’un simple jeu. Faites le lien avec leurs examens et leurs devoirs surveillés.
Exemple d’introduction :
« Vous savez, réussir un devoir, ce n’est pas juste trouver les bonnes réponses. Les consignes sont pleines d’indices, mais seuls ceux qui prennent le temps de bien observer et de rester calmes les repèrent. Aujourd’hui, on va entraîner nos cerveaux à être plus attentifs. Vous allez devenir des détectives prêts à remarquer chaque détail. »
2.Le moment d’observation
Proposez une mission ludique qui, subtilement, oblige vos élèves à ralentir, se concentrer et respirer calmement.
Exemples d’activités :
- « Regardez cette affiche au mur. Prenez 30 secondes pour mémoriser un maximum de détails : les couleurs, les formes, les mots. »
- « Mon bureau est resté tel quel. Regardez bien pendant 30 secondes et essayez de mémoriser la position de chaque objet. »
Pendant ce moment, guidez-les discrètement :
- « Respirez calmement, cela aide votre cerveau à mieux mémoriser. »
- « Restez bien immobiles, comme des enquêteurs en pleine analyse de scène. »
3.Le débriefing qui valorise
Après l’observation, posez des questions simples pour valider leur attention.
Exemples de questions :
- « Combien de couleurs différentes avez-vous vues sur l’affiche ? »
- « Où se trouvait le stylo rouge sur mon bureau ? »
L’objectif : Qu’ils se recentrent, mobilisent leur esprit d’observation et ressentent une satisfaction en participant.
Pourquoi ça marche ?
- C’est un apprentissage masqué : Vos élèves pensent qu’ils jouent, mais ils développent leur capacité à se calmer et à se concentrer.
- C’est une compétence universelle : Observer, ralentir et analyser les aidera dans toutes les situations stressantes de leur vie.
- C’est un climat apaisant : En intégrant cette routine en début de journée ou après une pause agitée, vous transformez l’atmosphère de votre classe.
Ce que vous gagnez en introduisant des jeux d’attention
En incorporant ces petits jeux dans votre routine de classe, vous créez bien plus qu’un simple moment de détente. Voici ce que cela apporte concrètement :
- Une classe recentrée :
Ces activités calment l’agitation, recentrent l’attention et préparent vos élèves à aborder leurs tâches avec plus de sérénité. - Une meilleure gestion du stress :
Les élèves apprennent à ralentir, à observer et à rester calmes, des compétences précieuses qu’ils pourront appliquer lors d’examens ou de situations stressantes. - Un climat de classe positif :
Ces moments ludiques renforcent les liens et créent une ambiance de travail détendue et productive.
Construisez une boîte à outils anti-stress pour vos élèves
Toutes les stratégies décrites – respiration cohérente, mouvement, fractionnement des tâches et jeux d’attention – ne sont pas des solutions indépendantes. Elles se complètent et peuvent être combinées pour répondre aux besoins spécifiques de vos élèves.
Voici un exemple de routine anti-stress à intégrer dans votre journée :
-
- Au début de la journée :
- Introduisez 5 minutes de respiration cohérente pour recentrer l’attention.
- Après une pause agitée :
- Proposez un jeu d’attention ou une activité ludique pour apaiser l’énergie débordante.
- Avant une tâche complexe :
- Fractionnez la tâche en étapes claires et guidées, en célébrant chaque petite victoire.
- Quand l’agitation monte :
- Intégrez des étirements ou des mouvements simples pour libérer l’énergie accumulée.
- Au début de la journée :
Et au-delà de la classe ?
Ces techniques ne se limitent pas à l’environnement scolaire. En les enseignant à vos élèves, vous leur offrez des outils pour toute leur vie.
Imaginez :
- Un élève qui, avant un oral, applique la respiration cohérente pour calmer son stress.
- Un étudiant qui utilise la méthode de fractionnement pour préparer un projet complexe.
- Un jeune adulte qui, face à un moment de panique, se recentre grâce à des exercices d’attention appris en classe.
Ce sont bien plus que des outils pédagogiques : ce sont des compétences de vie.
Conclusion : Une classe sereine, un apprentissage optimisé
Le stress est un ennemi sournois de l’apprentissage, mais il n’est pas une fatalité. Avec des stratégies simples, validées par la science, vous pouvez transformer votre classe en un environnement apaisant, où chaque élève trouve les ressources pour donner le meilleur de lui-même.
En mettant en œuvre ces techniques, vous ne réglez pas seulement un problème immédiat. Vous posez les bases d’une relation durable et positive avec vos élèves, où l’apprentissage devient un plaisir et non une source de tension.
Exemple de gestion du stress :
exercice de mémorisation en public de 2 collégiénnes
Sources et références
Voici les liens vers les études et ouvrages mentionnés :
Sandi, C., & Pinelo-Nava, M. T. (2007). « Stress and Memory: Behavioral Effects and Neurobiological Mechanisms. » Neural Plasticity, 2007, Article ID 78970.
https://www.academia.edu/3471117/Stress_and_memory_behavioral_effects_and_neurobiological_mechanisms
Vogel, S., & Schwabe, L. (2016). « Learning and memory under stress: implications for the classroom. » npj Science of Learning, 1, 16011. https://www.nature.com/articles/npjscilearn201611
McEwen, B. S., & Sapolsky, R. M. (1995). « Stress and cognitive function. » Current Opinion in Neurobiology, 5(2), 205-216. – https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0959438895800324
Lehrer, P. M., Vaschillo, E., & Vaschillo, B. (2000). « Resonant frequency biofeedback training to increase cardiac variability: Rationale and manual for training. » Applied Psychophysiology and Biofeedback, 25(3), 177-191. https://link.springer.com/article/10.1023/A:1009554825745
Brown, R. P., & Gerbarg, P. L. (2005). « Sudarshan Kriya Yogic breathing in the treatment of stress, anxiety, and depression: Part II—clinical applications and guidelines. » Journal of Alternative and Complementary Medicine, 11(4), 711-717. 6 https://www.researchgate.net/publication/7630254_Sudarshan_Kriya_Yogic_Breathing_in_the_Treatment_of_Stress_Anxiety_and_Depression_Part_II-Clinical_Applications_and_Guidelines
Telles, S., Singh, N., & Balkrishna, A. (2010). « Managing mental health disorders resulting from trauma through yoga: A review. » Depression Research and Treatment, 2012, Article ID 401513. – https://europepmc.org/article/PMC/3388328
Ratey, J. J. (2008). « Spark: The Revolutionary New Science of Exercise and the Brain. » Little, Brown and Company. – https://www.amazon.com/Spark-Revolutionary-Science-Exercise-Brain/dp/0316113514
Wegner, M., Helmich, I., Machado, S., E Nardi, A., & Arias-Carrion, O. (2014). « Effects of exercise on anxiety and depression disorders: Review of meta-analyses and neurobiological mechanisms. » CNS & Neurological Disorders-Drug Targets, 13(6), 1002-1014. – https://www.benthamscience.com/article/60918
Sweller, J. (1988). « Cognitive load during problem solving: Effects on learning. » Cognitive Science, 12(2), 257-285. – https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1207/s15516709cog1202_4
Amabile, T. M., & Kramer, S. J. (2011). « The power of small wins. » Harvard Business Review, 89(5), 70-80. https://hbr.org/2011/05/the-power-of-small-wins
Porges, S. W. (2011). « The Polyvagal Theory: Neurophysiological Foundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-regulation. » W.W. Norton & Company. – https://www.amazon.com/Polyvagal-Theory-Neurophysiological-Foundations-Communication/dp/0393707008