Dernière modification de l’article le 22 août 2024 par Admin

En tant qu’enseignant, vous vous demandez souvent comment aider vos élèves à atteindre leur plein potentiel. Parfois, face à ces devoirs non rendus, ces responsabilités évitées, vous pourriez penser : « Ils n’aiment tout simplement pas l’effort.» Pourquoi chercher plus loin, après tout ? Mais détrompez-vous. Le gène de la paresse n’existe pas.

Et si, au lieu de se focaliser uniquement sur ce que vous voyez, il fallait s’interroger sur les mécanismes invisibles qui influencent leurs décisions et leurs comportements ?

Alors, comment s’explique le comportement de vos élèves ? Quelles sont les solutions pour redonner un gain de motivation ?

 

Article et texte écrits par Jean-François MICHEL Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013 et 2019

Quand le cerveau prend les décisions avant que nous en ayons conscience

En 1983, le neurologue Benjamin Libet a fait une découverte bouleversante : notre cerveau prend des décisions avant que nous en soyons conscients. En 2008, John Dylan-Hynes est allé plus loin en affirmant que nos décisions sont prises 8 à 10 secondes avant que nous en ayons conscience. Imaginez l’impact ! Cela veut-il dire que nous, et nos élèves, sommes condamnés à répéter des comportements préprogrammés par notre cerveau ?

Pas si vite !

Peut-être avez-vous déjà remarqué que certains de vos élèves semblent prisonniers de schémas répétitifs : celui qui ne fait jamais ses devoirs, celui qui réagit toujours de façon impulsive… Mais ces comportements sont-ils vraiment inchangeables ? Sommes-nous simplement les spectateurs passifs de notre cerveau ?

Non, bien sûr que non. Si notre cerveau prend certaines décisions sans que nous en soyons immédiatement conscients, nous restons responsables des schémas mentaux qui influencent ces décisions. Et c’est ici que vous, en tant qu’enseignant, jouez un rôle capital.

Les schémas mentaux : les vrais moteurs du comportement

Prenons l’exemple de cet élève qui se répète constamment : « Je suis nul en maths. » Ce schéma de pensée négatif s’installe profondément. Quand cet élève se trouve face à un problème de maths, son cerveau anticipe déjà l’échec avant même qu’il ne soit conscient de sa réaction. Résultat ? Il échoue non pas à cause d’un manque d’aptitude, mais parce que son cerveau agit selon une croyance : celle que l’échec est inévitable.

Cet élève est-il non responsable ? Absolument pas ! Ce n’est pas la réaction inconsciente qui doit être blâmée, mais bien le schéma mental qui l’a déclenchée. Et c’est là que vous, en tant qu’enseignant, avez un pouvoir immense pour aider vos élèves à reprogrammer ces schémas.

Comment transformer ces schémas mentaux ?

En tant que professeur vous pouvez tout à fait, d’aider vos élèves à reconnaître et transformer ces croyances limitantes.

Pas besoin d’être psychologue ou thérapeute.

Car chaque enseignant, chaque formateur à un vrai pouvoir de changement auprès de leurs élèves.

L’objectif n’est pas non plus de faire des miracles, mais d’apporter son coup de pouce qui peut, lui, amener à de grand changement.

Ce n’est pas non plus vouloir tout contrôler à la place de vos élèves. Mais plutôt de les guider vers une meilleure compréhension de leurs pensées et de la manière dont celles-ci façonnent leurs comportements.

Voici quelques pistes pour y arriver

1. Encouragez la réflexion positive

Un élève qui se répète « Je suis mauvais » finit par s’en convaincre. Ces croyances façonnent ses résultats. En tant qu’enseignant, vous avez le pouvoir de transformer ces croyances limitantes en leviers positifs.

Comment faire concrètement en classe ?

  • Modélisez un discours positif : Partagez vos propres expériences d’apprentissage. Dites à haute voix : « C’est difficile, mais chaque tentative me rapproche de la maîtrise. »
  • Reformulez leurs pensées : Lorsqu’un élève dit « Je suis nul en histoire », montrez-lui comment reformuler : « Je ne suis pas encore à l’aise, mais j’apprends. »
  • Rappelez la preuve contradictoire : Face à des pensées négatives comme « Je suis incapable », amenez l’élève à repenser à une situation où il a réussi, ne serait-ce qu’en partie. Cela lui permet de percevoir ses capacités différemment.

Créez un environnement bienveillant

Un environnement de classe critique et punitif enferme vos élèves dans des schémas de pensée négatifs. À l’inverse, un cadre bienveillant, qui valorise l’effort et l’expérimentation, ouvre la voie à la transformation.

 

  • Pratiquez l’écoute active : Ne corrigez pas immédiatement, mais écoutez d’abord. L’écoute bienveillante permet à l’élève de se sentir compris, et parfois, cela suffit à désamorcer les pensées négatives.
  • Valorisez l’effort plutôt que le résultat : Soulignez la persévérance. Dites par exemple : « Je suis fier de ton travail, même si c’était difficile. »
  • Normalisez l’erreur : Expliquez à vos élèves que l’erreur fait partie du processus d’apprentissage. Rappelez-leur souvent que chaque échec est une opportunité pour mieux comprendre.

Favorisez la conscience de soi

Un élève capable de reconnaître ses émotions et de comprendre ses réactions a plus de chances de contrôler son comportement. En leur apprenant à être conscients de leurs pensées et émotions, vous leur donnez un outil puissant pour éviter l’automatisme des réactions impulsives.

 

  • Aidez-les à nommer leurs émotions : Apprenez à vos élèves à identifier ce qu’ils ressentent. Par exemple, « Je suis frustré parce que je n’ai pas compris cet exercice. »
  • Enseignez-leur à prendre des pauses : Quand un élève est submergé par ses émotions, montrez-lui comment faire une pause, respirer profondément, puis revenir au problème.
  • Poser des questions introspectives : Demandez-leur : « Pourquoi as-tu réagi ainsi ? Qu’aurais-tu pu faire différemment ? » Cela les aide à analyser leurs réactions et à mieux gérer les situations à venir.

 

4. Renforcez l’autonomie mentale

Votre objectif ultime est d’aider vos élèves à devenir autonomes dans la gestion de leurs pensées et de leurs émotions. En leur donnant les bons outils, vous leur permettez d’affronter les défis scolaires et personnels avec plus de résilience.

 

  • Introduisez la pleine conscience : Utilisez des moments de calme avant un contrôle ou après une journée intense pour recentrer leur attention et réduire le stress.
  • Encouragez la réflexion quotidienne : Demandez-leur de réfléchir à la fin de chaque journée à ce qu’ils ont appris, à leurs succès et à leurs échecs. Cela les aide à développer une conscience de leurs progrès.
  • Favorisez la résolution de problèmes : Plutôt que de donner une solution directement, encouragez l’élève à réfléchir à plusieurs options. « Comment pourrais-tu aborder ce problème autrement ? »

 

En tant qu’enseignant, vous avez un pouvoir immense pour aider vos élèves à transformer leurs croyances limitantes et à modeler des schémas de pensée qui les propulsent vers la réussite.

 Cela demande du temps, de la patience et de la bienveillance, mais chaque effort que vous faites contribue à leur résilience mentale et émotionnelle.

Vous pouvez rester un simplement un transmetteur de savoirs. Mais sachez que vous pouvez faire plus que cela.

Sources & références

[1] Le cerveau prend sa décision avant le conscient. Cela a d’abord était étudié par Benjamin LIBET, en 1983.

https://books.openedition.org/editionscnrs/50897?lang=fr
LIBET,

Benjamin et al., « Time of conscious intention to act in relation to onset of cerebral activity (readiness-potential) », Brain, 1983, 106, p. 623-642.

Sur les attaquent concernant les hypothèses de Benjamin LIBET – Krystèle Appourchaux « Un nouveau livre arbitre » CNRS éditions. 2014

[2] Etude de John-Dylan Haynes de l’Institut Max Planck – Published: 13 April 2008 Unconscious determinants of free decisions in the human brain
https://www.nature.com/articles/nn.2112

[3] Étude australienne : « décoder le contenu et la force de l’imagerie avant l’engagement volontaire » par Roger Koenig-Robert&Joël Pearson : https://www.nature.com/articles/s41598-019-39813-y

Your brain makes decisions before you even realize it
By Mike Wehner, BGR

https://nypost.com/2019/03/07/your-brain-makes-decisions-before-you-even-realize-it/

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