Dernière modification de l’article le 2 décembre 2019 par Admin
Lorsque vous utilisez une méthode pédagogique (innovante) pour aider vos élèves, votre conviction sur ses bienfaits peut vous amener à faire 2 erreurs que je vais vous montrer dans cet article. Quelle est la solution ? Je vous montrerai une approche en 4 étapes.
Vous comprendrez alors pourquoi les effets positifs escomptés de votre méthode peuvent être fortement réduits, voire devenir néfastes pour certains élèves.
Par Jean-François MICHEL, ( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )
Dans un lycée de Picardie, une enseignante fait un petit exposé devant une vingtaine de ses collègues sur une nouvelle méthode pédagogique qu’elle a utilisée dans une classe expérimentale l’année dernière. Je suis présent. Et je vois que l’enseignante croit en sa méthode. Elle est enthousiaste. D’autant que les élèves se déclarent tous satisfaits : enquête de satisfaction (à main levée) à l’appui. Les résultats scolaires semblent suivre : la moyenne de la classe est en augmentation significative. Mais des disparités, parfois prononcées, gâchent un peu le tableau : si certains élèves ont bien progressé d’autres (une minorité certes) ont fait du surplace, voire ont nettement régressé (pour 2 élèves). Cela chagrine un peu notre enseignante.
Que s’est-il passé ? Mystère. Notez bien cela, on y reviendra.
Ce point négatif est vite gommé par l’approbation des collègues enseignants. Tous sont convaincus. La généralisation de l’expérience à d’autres classes semble être une évidence.
En traversant la cour presque vide de cette école picarde, je croise un petit groupe de 5, 6 élèves qui discutent sous le préau. D’un air taquin, je leur lance : « Tiens ! Vous n’osez pas aller en cours, ou vous faites l’école buissonnière ? Rassurez-vous je ne dirai rien, je ne suis pas d’ici. »
Ils m’indiquent profiter d’une pause un peu plus longue que d’habitude : ils attendent que leur enseignante, qui fait sa présentation, reprenne les cours. Ils font partie de cette classe expérimentale. …Intéressant!
Je ne peux me retenir de leur dire qu’ils ont bien de la chance d’avoir une prof aussi passionnée, qui essaie d’aider ses élèves avec une méthode pédagogique plutôt novatrice.
L’expression peu enthousiaste de leurs visages sème le doute dans mon esprit. Devant la moue dubitative d’un des jeunes, je lance : « J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? »
Il me répond : « Elle est de bonne volonté, mais sa nouvelle méthode nous embrouille. ».
« On fait comme notre prof le veut, mais au final, on est obligé de reprendre les notes de cours » rajoute un autre. « Moi, je m’en sors grâce aux tutos Youtube », renchérit un troisième. Bizarre. Ces élèves ont l’air sérieux pourtant. Visiblement, la réalité ne semble pas aussi enthousiasmante.
Est-ce à dire que l’enseignante fait fausse route ? Bien sûr que non. Sa méthode est tout à fait pertinente. Elle a pris le soin de faire une expérimentation. Sauf que dans sa démarche, elle commet 2 erreurs.
Erreur n°1 – La même méthode pour tous !
Sa première erreur est de croire que si la nouvelle méthode pédagogique fonctionne très bien pour elle-même, cela fonctionnera bien pour tous les élèves de sa classe. Notez le biais cognitif de projection (croire qu’autrui a la même perception du monde que soi). Ce qui est vrai pour moi l’est aussi pour les autres.
Or chacun apprend différemment. Sauf si vous êtes enseignant ou formateur dans le supérieur, il est rare d’avoir une classe homogène, où les élèves ont la même façon d’apprendre.
Que s’est-il passé dans la classe expérimentale de l’enseignante ?
La nouvelle méthode pédagogique fonctionne très bien pour les élèves pour qui elle correspond bien à leur façon d’apprendre c’est-à-dire leur profil d’apprentissage. Ces élèves ne peuvent qu’être satisfaits. Les résultats scolaires devraient suivre. Et pour les autres élèves ? La nouvelle méthode pédagogique ne changera rien, ne sera d’aucun effet, voire aggravera les difficultés. Je vous promets une explication un peu plus loin.
Mais pourquoi ces élèves en difficulté n’ont-ils rien signalé ? Très bonne question. Là aussi je vous demande de patienter un peu.
Quand vous souhaitez utiliser une nouvelle méthode pédagogique, 2 étapes sont à suivre :
La première étape est de connaître le profil de sa classe.
Vous pouvez vous contenter de prendre en compte les profils de compréhension du type visuel / auditif / kinesthésique.
Mais comment connaître le profil d’une classe ou d’un groupe ? Bien entendu, vous pouvez rarement le deviner par l’observation. Les occasions d’erreurs sont grandes. Faites simple et utilisez le test des profils de compréhension. Cette partie est entièrement gratuite.
Nota – Pour les élèves en école primaire, c’est plus délicat. J’aborde le sujet en fin d’article.
Pour le fonctionnent du test, je vous renvoie à la page pour l’utilisation qui est très simple : Pour consulter la section sur le fonctionnement du test
Exemple de profil d’une classe ( issu de la classe de démonstration du test )
La deuxième étape consiste à se poser les questions suivantes :
.1/ Si la méthode fonctionne bien pour moi (vous l’avez probablement expérimentée) , quel est mon profil de compréhension ? Visuel ? Auditif ? Kinesthésique ? La méthode fonctionne bien pour quel(s) type(s) de profil(s) de compréhension ?
.2/ Dès que vos élèves ont fait le test, rendez-vous dans votre panneau de gestion. Observez les résultats. De quels profils (de compréhension) est majoritairement votre classe ? Plutôt visuel, auditif ou kinesthésique ? Constatez-vous de grosses différences avec vous-même ? Quel type de profil serait désavantagé ?
Vous rencontrez peut-être des élèves qui auront un profil de compréhension qui ne correspond pas ou peu à votre méthode pédagogique. C’est normal. Aucune méthode pédagogique n’est parfaite.
. 3/ Interrogez-vous sur les adaptations possibles de la méthode pédagogique choisie chez les élèves dont le profil de compréhension ne correspond pas ou correspond trop peu. Comment pourriez-vous aider ces élèves ?
L’enthousiasme peut vite aveugler. Cette série de questions vous aident à rester dans la réalité et à apporter les améliorations dans votre méthode.
Vidéo sur les profils de compréhensions
Vidéo sur le profil de compréhension de type kinesthésique
Erreur n°2 : Personne ne proteste, donc c’est « ok » pour tous les élèves
Pourquoi les élèves ne signalent-ils pas leurs difficultés ? Nous y voilà. Cette question met à jour un piège classique : celui de croire que les élèves se manifesteront spontanément en cas de difficulté. Pourquoi ? Il y a 3 raisons à cela :
.1 Dans le savoir, l’enseignant est l’autorité, c’est lui qui a raison. L’élève ne viendra jamais contester votre savoir. Vous représentez la vérité. C’est surtout vrai pour les classes de primaires ou de collèges. Attention, cela ne veut pas dire qu’un élève ne testera pas ou ne contestera pas votre autorité en matière de respect de la discipline.
Ce que je veux dire, c’est que lorsque vous utilisez une méthode pédagogique nouvelle, quelle qu’elle soit, si vous dites qu’elle fonctionne bien pour vos élèves c’est la vérité : cette nouvelle méthode pédagogique fonctionne bien. Et si un élève ne se sent pas à l’aise avec cette méthode ? Il pensera que le problème provient de lui.
.2 L’effet de groupe ou la preuve sociale (expression utilisée en psychologie sociale). Pour résumer, l’opinion du groupe, surtout si elle est soutenue par une autorité (ici l’enseignant), pousse à penser comme le groupe.
Le phénomène de la preuve sociale peut être si puissant que les sondages d’opinion sont interdits une semaine avant une élection : le but est d’éviter que l’opinion du groupe majoritaire (dans le sondage) n’influence les individus d’opinions contraires.
Surtout quand on est jeune, il est très difficile de manifester un désaccord face à l’opinion d’un groupe. En 1958, le psychologue social Herbert C. Kelman a mis en évidence trois causes :
- La complaisance qui permet de ne pas se faire remarquer, de ne pas avoir de problèmes.
- L’identification. La personne veut plaire aux membres du groupe. Alors elle s’identifie à lui pour avoir l’acceptabilité sociale. On parle alors d’influence normative.
- L’intériorisation. Quand le groupe (qui constitue une majorité) a une haute crédibilité, l’individu s’auto-convainc pour rallier l’opinion du groupe. Il a alors l’impression (fausse) d’adhérer de son plein gré.
.3 Le profil d’identité de l’élève. L’élève de profil d’identité de type « aimable » est assez sensible à l’effet de groupe en général. N’attendez pas de lui qu’il vous dise spontanément ses difficultés. Il a un fort besoin d’appartenance, plus que les autres. Il aime avant tout faire plaisir pour se sentir accepté. Il aime les relations harmonieuses. Alors n’attendez pas qu’il aille dans un sens contraire, quitte à se mentir à soi-même.
Ces 2 erreurs que nous venons de voir dans la mise en place de toute méthode pédagogique nouvelle, peuvent parfois amener à des effets désastreux chez certains élèves en situation d’échec et renforcer leurs difficultés. Ce n’est pas chose courante mais cela peut arriver. Pourquoi ? Ils se disent qu’ils devraient connaître des améliorations de leurs résultats scolaires. Avec l’effet de groupe et l’autorité de l’enseignant ils sont amenés à le croire. Or il n’en est rien. Dur constat. Conclusion logique : c’est bien la preuve qu’ils sont moins intelligents que les autres. Bien entendu, ce raisonnement est faux. Mais chez ces jeunes, au recul insuffisant, cette logique implacable distille son poison dans l’esprit. C’est d’autant plus puissant que c’est totalement inconscient.
Les 4 étapes pour introduire une méthode pédagogique
.1/ Quand vous avez une méthode pédagogique ou une pratique pédagogique qui fonctionne bien pour vous ou un groupe, ayez à l’esprit qu’elle ne fonctionne pas forcément pour tous. .2/ Considérez le profil de compréhension de votre classe ; type visuel, type auditif, type kinesthésique. Comment ? En faisant passer le test (1ère partie gratuite) tout simplement. .3/ Avec les résultats, observez pour quels élèves cela peut poser problème. Vérifiez-le dans la classe durant l’utilisation de votre méthode pédagogique. .4/ Réfléchissez aux adaptations possibles avec l’aide des élèves concernés. |
Et vous ? > Quelle méthode pédagogique innovante utilisez-vous ? > Selon vous, pour quel type de profil (visuel, auditif, kinesthésique) convient-elle le mieux ? Indiquez vos réponses dans un commentaire (cela me permettra d’y répondre). |
Le prochain sujet – S’adapter aux profils d’apprentissage de tous ses élèves. Est-ce possible ? Comment faire ?
Nota : l’utilisation du test en école primaire
Il est difficile de faire passer le test des profils d’apprentissage en primaire. Cela essentiellement pour 2 raisons.
Premièrement, les élèves de primaires ne sont pas tous capables de comprendre les questions posées avec toutes leurs subtilités (ce qui permet de dégager un résultat fiable).
Deuxièmement, les classes de primaire n’ont jamais été « testées » dans la construction des 7 profils d’apprentissage. D’où la limite d’âge à 11 ans (collège) même si on peut dire qu’en primaire le profil d’apprentissage de l’enfant est déjà établi.
Ceci dit, rien n’empêche d’utiliser le test si vous êtes maître des écoles. Sachez seulement que les résultats resteront imparfaits. Vous aurez une grille de lecture de la classe qui vous aidera tout de même. Ensuite, affinez ce profil de la classe avec votre observation. Observation facilitée par le fait d’avoir toujours la même classe au cours de l’année scolaire.
Voici 6 étapes pour connaître le profil de compréhension d’une classe de primaire :
- Imprimez les 10 questions (en statut collégien) du test en profil de compréhension (partie gratuite).
- Distribuez le questionnaire aux élèves.
- Expliquez chaque question. Laissez les élèves répondre en cochant leur réponse.
- Ramassez les questionnaires pour les remplir dans le test.
- Ouvrez un compte pour chaque élève avec une adresse e-mail fictive (il n’y a pas de confirmation).
- Reportez les résultats papier de chaque élève dans le test.
Si vous avez beaucoup d’élèves, cela peut être fastidieux. Mais faire cette opération une seule fois dans la scolarité en primaire de l’élève suffit. Le profil d’apprentissage ne change pas. Je suis conscient de choquer en disant cela. Pourtant c’est une réalité que j’expliquerai dans un autre article.
Pour les élèves plus petits CP/ CE1, l’utilisation du test s’avère vraiment compliquée. Seule l’observation permettra de reconnaître le profil des élèves. Le profil de votre classe sera alors très imparfait. Mais là encore, une grille de lecture approximative qui vous donne un repère vaut bien mieux que rien du tout.
Texte : Jean-François MICHEL – Visitez la chaîne YouTube
( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )
Bonjour M. Jean-François
Je suis formateur dans un institut de formation des formateurs. Je trouve le contenu de ce dossier très intéressant. Merci pour le partage.
Je ne sais pas si je suis à l’abri ou non des deux (2) erreurs annoncées dans le dossier 1. Mais je vous informe quand même que pendant mes cours, au-delà des acquiescements des étudiants (nous avons compris), j’essaie de voir un peu plus clair sur leur compréhension à travers des exercices pratiques et l’évaluation partielle ou générale de chaque séquence. Ainsi, je les mets à l’œuvre individuellement, en binôme ou en groupe de plus de deux membres.
Par ailleurs, le pré-test au début et la régulation tout au long de la formation m’aident beaucoup à apprécier approximativement la compréhension de chacun ou plus globalement avoir une idée de la bonne marche ou non de mes activités pédagogiques.
J’utilise les méthodes actives sans m’interdire complètement le cours magistral. De la manière dont j’applique ces méthodes, je pense qu’elles conviennent, de façon générale, à tous les profils sauf que cela n’est pas possible pour toutes les séances.
Bonjour,
Merci pour votre message.
Votre méthode peut être une solution intéressante, quand vous avez un petit groupe d’élèves (moins de 20). Cela le devient beaucoup moins dans des classes de 30 élèves voire plus. Les résultats du test qui donnent le profil d’apprentissage de la classe deviennet alors une aide appréciable.
Je ne sais pas si vous utilisez le test complet pour déterminer le profil d’apprentissage de votre groupe ou si vous restez aux profils de compréhension (visuel, auditif, kinesthésique). Dans le 2ème cas, c’est un bon début, cela vous donne déjà un petit aperçu qui vous évite de grosses erreurs.
En vous souhaitant une bonne journée.
Jean-François.
Bonsoir,
Merci Jean-François.
Article très intéressant. Un véritable outil de renforcement des capacités pour les formateurs. Je suis très ravi de découvrir « apprendreaapprendre.com ». J’ai beaucoup apprécié la générosité de l’auteur et son engagement à aider les autres.
Alio Maïnassara
Bonjour Alio,
Merci pour votre message.
Bien cordialement,
Jean-François
Article très intéressant. Un véritable outil de renforcement de capacité pour les formateurs. Je suis très ravi de découvrir « »Apprendre à apprendre.com. J’ai beaucoup apprécié la générosité de l’auteur et son engagement à aider les autres.
Par expérience, j’essayerai de simplifier ces différenciations pédagogiques :
1- Un élève visuel réagit aussitôt à la consigne écrite au tableau ;
2- Un élève plutôt auditif essaiera de lire à haute voix la consigne ou attendra qu’on la lise pour qu’il la comprenne mieux.
3- Le kinesthésique cherchera toujours à écrire de deux façons différentes un même mot avant de choisir la bonne écriture de ce même mot qu’il va utiliser dans son exposé, par exemple.
Même un adulte, plutôt auditif, attendra d’être bien à l’aise chez lui et tout seul pour lire à voix basse la lettre d’amour que sa bien-aimée lui a envoyé afin de mieux saisir le sens profond de son contenu, n’est-ce pas?
Bonjour,
Merci pour votre message.
Attention, vous faite une interprétation très personnelle du VAK. C’est votre droit.
Mais elle ne correspond en rien à ce que je décris dans mon livre « les 7 profils d’apprentissage » depuis sa sortie en 2005.
Bonjour,
Je vous remercie de partager vos connaissances et pratiques. Concernant les profils d’apprentissages, notamment sur la distinction entre les visuels, les auditifs et les kinesthésiques, il m’a semblé voir qu’il n’y avait malheureusement aucune preuve sur le sujet. ayant cherché et ayant eu du mal à démêler les informations dans la bibliographie des sciences de l’éducation, pourriez-vous me communiquer quelques références d’articles (auteur, année, type d’expérimentation) afin de mieux comprendre les démonstrations de ces profils et ainsi de pouvoir les appliquer au mieux auprès de mes étudiants. Vous remerciant par avance de votre réponse.
Bonjour,
Merci pour votre message.
Pour vous répondre avec précision, il me semble nécessaire de rappeler ce qu’est une preuve ou une vérité scientifique. « Une vérité scientifique est une proposition construite par un raisonnement rigoureux, et vérifiée par l’expérience. » https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9rit%C3%A9_scientifique
Vous avez une belle définition de Catherine Jessus, Directrice de l’Institut des sciences biologiques du CNRS ici : https://youtu.be/JqwSIAyYPWk
Pour résumer, la preuve scientifique, se décompose en 2 étapes :
1. Une expérience menée avec un protocole d’expérience.
2. Une présentation des résultats devant les paires via un colloque officiel ou /et une publication dans une revue scientifique.
Les 7 profils d’apprentissage ont fait l’objet d’une étude à grande échelle (échantillon supérieur à 100 personnes) dans l’enseignement supérieur en Belgique en 2016 (l’EPHEC Bruxelles). Les résultats montrent la pertinence du modèle que sont les 7 profils d’apprentissage. Surtout elle a montré une augmentation significative des résultats académiques chez les élèves, tout particulièrement ceux qui étaient en difficulté.
Cette étude et ses résultats ont été présentés au colloque de la pédagogie pour l’enseignement supérieur en 2017, lieu important de la recherche et du développement en matière de pédagogies dans l’enseignement supérieur.
Vous trouverez le lien de l’étude ici http://www.apprendreaapprendre.com/pdf/QPES_bachy_Alen_VersionDiffusee.pdf
Le colloque en question : http://www.colloque-pedagogie.org/node/773
Cette étude confirme les résultats de terrain auprès des enseignants, formateurs et des élèves qui a amené à l’écriture de mon livre en 2005 avec l’encadrement d’Isabelle Gingras (docteur en psychologie de l’université de Stanford).
Rare sont les approches pédagogiques qui ont eu le privilège d’avoir pu bénéficier d’une validation de protocole « scientifique ». L’approche des « intelligences multiples » pourtant très populaire, a du attendre 23 ans avant d’avoir une étude terrain, et encore sur un petit échantillon. Et les résultats se sont révélés négatifs.
Il semble que la communauté des sciences de l’éducation ne s’intéresse que très peu, voire pas du tout au sujet des profils d’apprentissage, pour diverses raisons.
Donc il y a peu de publication sur le sujet, d’où votre difficulté à en trouver.
Plus que la vérité scientifique reconnue par des paires, seul compte les résultats et le retour terrain des enseignants et des élèves des 2000 établissements scolaires, universitaire ou de formation qui utilisent les 7 profils d’apprentissage.
Vous pouvez consulter la liste ici.
Pourtant j’ai une couverture médiatique nulle et encore moins de diffusion dans la communauté des sciences de l’éducation, comme vous avez pu le constaté.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur l’historique des 7 profils d’apprentissage et leur application je vous renvoi au guide gratuit : https://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/pdf/guide-final_1.pdf
Vous avez également la version en anglais écrite par Isabelle GINGRAS.
Quant au VAK je vous renvoi à l’article « Comment apprendre à apprendre : 6 erreurs à éviter » où j’explique le malentendu et les différents approchent. https://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/comment-apprendre-a-apprendre/
Enfin voici l’avis de Robert H. Shmerling, professeur associé à la faculté de médecine d’Havard sur la preuve scientifique :
« Le manque de preuves ne prouve pas le contraire. Pour les personnes qui vivaient il y a des milliers d’années, une incapacité à prouver que la terre était ronde ne prouvait pas qu’elle était plate! » – https://www.health.harvard.edu/blog/right-brainleft-brain-right-2017082512222
En espérant avoir pu répondre à vos questions
Jean-François
moi, j’ai essayé de travailler avec les profils de compréhension au niveau universitaire. plus tard ,je vous ferai part de mon expérimentation, sauf que chez toutes les sections avec lesquelles j’ai travaillé je trouvais beaucoup d’apprenants qui sont de profil visuel. Est- il logique ?
Merci pour votre message.
Oui, c’est assez logique quand on sait que le profil visuel représente environ (selon les statistique du test sur plus de 100.000 apprenants) 50% de la population des apprenants. C’est beaucoup. Nous aussi somme dans une société très visuelle avec tous ces écrans même s’il n’a pas été établit de lien de cause à effet.
Donc dans l’enseignement supérieur ce taux est logiquement plus important avec beaucoup moins de profils de type kinesthésique (au sens des 7 profils d’apprentissage).
Merci pour cette analyse. Je suis formateur pour adulte en anglais et je travaille sur les styles d’apprentissage depuis une vingtaine d’années.
Dans ce champ professionnel l’importance de connaître mieux les outils les plus pertinents pour les apprenants est très marquée.
Dans un autre domaine je suis en train de créer des formations en droit social en blended et(/ou) e-learning.
J’ai 3 points de difficultés.
1- mes groupes sont trop petits pour tirer des généralités pédagogiques. Je m’applique donc à essayer d’individualiser autant que possible. Et je m’interroge sur la façon d’adapter mon style personnel aux contraintes de la FAD.
2- en ce qui concerne la cognition sociale je me réfère habituellement aux théories sur l’intelligence émotionnelle. Je me demande comment l’integrer, là aussi, à la FAD.
3- je souhaiterais avoir un retour sur les éléments d’adaptation à la pédagogie des adultes dans le cadre de l’enseignement à distance.
Merci de vos réponses.
Christophe.
Bonjour Christophe,
L’erreur, en tant que formateur, est de vouloir s’adapter à tous ses apprenants ou stagiaires. L’idée de pédagogie différenciée (lancée vers 2010 je crois, notamment à l’Éducation Nationale) était intéressante, mais sans considérer ce point. Résultat : une panique chez les formateurs et les enseignants qui devaient s’adonner à un jonglage compliqués de mentaliste.
Pour en revenir à votre question Christophe :
Vous ne pouvez pas individualiser. C’est à vos stagiaires de réagir de vous interpeler. Comment faire alors :
1. Faites de votre mieux pour intégrer en même temps les profils de compréhension (VAK).
2. Sensibilisez vos stagiaires sur leurs différentes façon d’apprendre. Quitte à les leur faire découvrir les profils d’apprentissage. Il y a plein de ressources gratuites sur ma chaîne YouTube. Ainsi ils prennent la responsabilité de leur formation. Ils deviennent acteurs et non plus « consommateurs ».
3. Donner la possibilité à vos stagiaires, dans votre cours à distance, de poser des question. Quitte là aussi à demander leur profil d’apprentissage avant.
Sur l’intelligence émotionnelle, je ne suis pas assez compétent pour y répondre.
Je pense y avoir répondue plus haut. Une chose : interroger les stagiaires sur votre formation, quitte a amener des adaptations.
Jean-François
Merci beaucoup Jean François.
Comme vous le voyez, j’ai pris le temps de retravailler ces questions …
Je pense effectivement que proposer à mes étudiants de connaitre quelles sont leurs média d’apprentissages privilégiés me donne une vision plus adaptée de leurs styles d’apprentissage.
Et c’est que j’ai fait (que je fais encore). A moi ensuite de mixer les supports pour le bénéfice du plus grand nombre.
Une bonne journée à vous.
Cordialement.
Christophe Laboissette.
Bonjour Christophe,
Merci pour votre message.
Oui, dans la mesure du possible. Mais vous ne pouvez pas tout faire non plus. C’est aussi à l’élève de faire le travail, de s’interroger sur sa façon d’apprendre (à l’aide du test des 7 profils d’apprentissage par exemple). Il est important de rendre l’élève autonome. C’est le principe même des 7 profils d’apprentissage.
Je suis en train de réaliser une formation gratuite à ce sujet à laquelle vous pouvez accéder à partir du mois d’octobre.
EN vous souhaitant une bonne journée
Bien cordialement
Jean-François
Pour mes cours Word je n’utilise pas de méthode pédagogique particulièrement innovante. Je leur donne un exercice à effectuer sur nos ordinateurs ou sur leur propre matériel (afin qu’ils ne soient pas perdus en rentrant chez eux). Je leur propose mon aide et leur dis qu’ils peuvent également chercher sur Internet ou s’entraider. Cela leur permets d’avoir le choix, chose qui me paraît important en pédagogie (après je peux me tromper…).
Dans cet exercice, 2 choses sont plus complexes que le reste. Je dis donc au début de mon cours que j’expliquerai ces 2 derniers points à la fin à l’aide du vidéoprojecteur. Cela permet au plus rapide d’avoir un sentiment de satisfaction personnelle et de les valoriser, si ils réussissent par eux même avant la démonstration.
Enfin, je leur laisse l’exercice sur la plateforme de l’établissement pour ceux qui souhaiteraient le refaire pour s’exercer et retravailler les points qu’ils n’ont pas compris.
Cet exercice est plus adapté pour les visuels et les kinesthésique je pense. Grâce à la démonstration de fin les auditifs sont également intégrés je pense.
Merci en tous cas pour cet article et pour vos vidéos qui me permettent de progresser et d’en savoir un peu plus sur la pédagogie (formateur n’est pas mon métier à la base…).
Merci pour votre message.
Votre approche (ou méthode) d’enseigner Word ressemble beaucoup à la classe inversée (considérée comme méthode pédagogique innovante).
Ce qui est bien dans votre façon de faire, est que vous laissez la place au pragmatisme et à la souplesse. In fine, chaque élève y trouve son compte. , il y a un aspect visuel fort via l’exercice pratique sur ordinateur. L’exercice correspond au profil de type kinesthésique du moment où les élèves, qui ont ce type profil, ont le sens de l’exercice ou ont une introduction qui explique le sens.
Une erreur faite dans la compréhension de ce profil, c’est de croire que c’est apprendre en faisant. C’est d’abord donner du sens. Quand le sens est compris, alors il y a la phase pratique (apprendre en faisant).
En effet, les élèves avec le profil auditif risquent d’être perdus s’il n’y a pas de texte ou d’explication orale.
Dans les resultats des tests, je pensais qu’apparaissaient les profils secondaires. Ca n’est pas le cas, ou c’est dans un autre tableau ?
Merci
Si les profils secondaires apparaissent bien. Dans la consultation du profil de la classe, il y a plusieurs onglets : profil principal / profil secondaire / comparaison avec l’enseignant. Donc sélectionnez ce que vous souhaitez voir. EN cliquant sur le profil d’un élève vous avez la répartition ( en % ) entre le profil principal et le profil secondaire.
Faut il que chaque activité fasse appel aux 3 méthodes ou peut on varier les méthodes d’une activité à une autre ? Est ce aussi efficace ? Je pense surtout à développer leur capacité d’adaptation pour toutes les futures situations où leur formateur/interlocuteur n’aura pas une pédagogie aussi poussée.
Qu’appelez-vous méthode ici ? J’ai peur de ne pas comprendre.
Avant toute application d’une méthode pédagogique, une analyse (même sommaire) du profil de la classe (VAK ici) est conseillée. Ensuite vous pouvez adapter, varier les méthodes pédagogique.
Effectivement développer la capacité d’adaptation des élèves me semble une très très bonne chose. Amener les élèves apprendre à apprendre au final. Le professeur (j’y inclus les formateurs) est aussi une forme de « coach ». Les élèves qui vous apprécient, retiennent plus cela.
Article très intéressant, se poser la question de savoir quel est notre profil en tant Qu’ enseignant ou parent qui veut coacher son enfant est essentiel .
J’ ai aussi BeAucoup apprécié le paragraphe sur la preuve sociale . Merci à vous
Merci pour votre commentaire.
La preuve sociale est un phénomène que l’on oublie souvent, d’autant plus vrai lorsque l’on est passionné. Je l’ai aussi vécu et tombé dans le panneau lorsque j’étais enseignant en lycée technique.
Jean-François
J’enseigne les SVT. Mes élèves travaillent en petits groupes devant un tableau (il y en a 6 en tout)qui peut servir de brouillon pour se mettre d’accord ou de support de réponses à éventuellement exposer aux autres. Quels conseils me donneriez-vous qui tient compte des différents profils?
Déjà, vous travaillez en petits groupes d’élèves. C’est une très bonne chose.
Pour travailler avec les différents profils, on va y venir dans les autres articles du programme. Mais déjà que vous en ayez conscience, c’est un premier pas très important. J’aurai l’occasion, plus tard dans le programme, d’expliquer pourquoi.
Ensuite, vous pouvez être attentif sur la façon de faire cours (si votre matière le permet bien entendu) en utilisant la technique du saupoudrage : pour un même contenu, vous le transmettez de façon visuelle, auditive et kinesthésique. Ce n’est pas toujours facile, j’en conviens. Essayez tout de même en étant indulgent avec vous-même.
Pour éviter de se fatiguer et de répondre au mieux aux besoins de la classe, déterminez le profil de votre classe (visuel, auditif et kinesthésique) via le test. Selon le profil de la classe qui se dégage, vous pourrez ajuster. J’en parlerai, là encore, prochainement dans le programme.
Jean-François
Lecture de l’article très agréable, l’auteur s’exprime avec des termes simples. Il est donc aisé de faire siens les propos. Merci!
Merci! 🙂 . Ravi que cet article vous soit utile.
Jean-François