Dernière modification de l’article le 13 décembre 2016 par Admin
Qu’est-ce que la dyslexie ? Comment aborder l’apprentissage avec les enfants dyslexiques ? Quelles sont les précautions à prendre chez les parents qui ont des enfants dyslexiques ? Voici une étude de cas.
Question de Geneviève (Saint Vallier 26)
Pour aider un dyslexique il me semble nécessaire de bien maîtriser les modes d’apprentissage. Cependant comment peut-on stimuler leur motivation quand on connaît la mauvaise image qu’ils ont d’eux-mêmes. Leur difficulté à apprendre est telle qu’entretenir l’envie d’apprendre est un vrai parcours du combattant notamment pour les parents. De plus l’Éducation nationale, privilégie les visuels et les auditifs, alors que les dyslexiques sont plus dans le kinesthésique. Comment conseillez-vous d’aborder l’apprentissage avec les dyslexiques ?
Réponse de Jean-François MICHEL ( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )
Qu’est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble neurologique qui engendre des problèmes d’apprentissage de la lecture. Mais il ne pas confondre difficulté de lecture et dyslexie. Il y a des enfants qui ont certes des difficultés de lecture sans pour autant être dyslexique. Il y a beaucoup de parents qui pensent à tort qui soupçonnent leur enfant de dyslexie à la moindre difficulté. Une difficulté peut traduire un apprentissage, une stratégie d’apprentissage assez différente des autres enfants. C’est le cas par exemple des enfants intellectuellement précoces (IEP). Et encore, il existe une grande diversité parmi les enfants intellectuellement précoces. Il est important de bien poser le diagnostic. Quand une difficulté quelconque se manifeste ne pas hésiter à consulter un spécialiste, comme un psychologue qui fera passer quelques tests à l’enfant.
La dyslexie est un handicap qui touche entre « seulement » (ce qui est déjà bien trop) 5% et 6% des enfants. La difficulté de lecture évidemment se répercute sur d’autres domaines comme l’histoire, la géographie, l’économie ou la référence à des textes est courante. Cependant il n’est pas vrai de dire que les enfants souffrant de dyslexie sont mauvais de partout. Comme en maths, en physique, où les résultats peuvent être excellents.
Redonner confiance
La chose certainement la plus importante est de redonner confiance à l’élève dyslexique. Comment ? Premièrement en lui expliquant que la dyslexie est un handicap, au même titre qu’un paraplégique ne pouvant plus faire usage de ses jambes. Je veux dire par-là que l’on ne guérit pas de la dyslexie comme on peut guérir d’un vilain rhume. Il faut l’accepter et composer avec. Deuxièmement, s’assurer que le jeune dyslexique perçoit ce handicap comme un défi et non comme une injustice. Pour cela il lui faut lui faire comprendre qu’il n’y est pour rien, que sa difficulté n’est due à un manque d’intelligence ou même un manque de motivation (bien au contraire, on trouve des génies parmi les dyslexiques comme le fut Albert Einstein)
Comprendre les mécanismes de la dyslexie aide également beaucoup à y faire face. Enfin il est s’avère bien utile de faire rencontrer à l’enfant d’autres dyslexiques qui ont su surmonter leur handicap. C’est ainsi qu’ils auront des modèles, des exemples, en bref, un cadre de référence qui permet de prendre du recul et de relativiser les choses. Grâce également à leur expérience, l’enfant dyslexique, sera non seulement rassuré, mais saura avoir la bonne attitude.
Origine de la dyslexie ?
Les personnes dyslexiques souffrent d’un trouble fonctionnel, d’un déficit cognitif de type phonologique : une faible mémoire verbale à court terme. Ce déficit phonologique est observable avant même l’apprentissage de la lecture. Selon les scientifiques, l’origine de la dyslexie est essentiellement d’ordre génétique. (Au moins un parent a souffert lui-même de dyslexie)
Une hypothèse du laboratoire de psychologie et neuro-cognition de Grenoble explique que la dyslexie viendrait d’un déficit visuo attentionnel, à savoir du traitement de l’information visuelle et donc une difficulté à traiter les mots de façon globale. D’où une incapacité à lire correctement et à reconnaître rapidement les mots déjà lus. En ce qui concerne votre référence aux 7 profils d’apprentissage, on peut penser logiquement que les enfants dyslexiques privilégient le canal kinesthésique. Mais cela ne veut pas pour autant dire qu’ils sont systématiquement kinesthésiques ou que leurs problèmes proviennent de là.
Ne rien attendre du système éducatif
Il est bien vrai que le système scolaire n’est pas du tout adapté. Mais lui jeter la pierre et l’accuser ne résoudra rien. D’abord les enseignants doivent, même habités de la meilleure volonté, composer avec des classes chargées voire surchargées (25 à 35 élèves parfois). Ils n’ont donc pas les moyens de porter une attention suffisante à l’enfant dyslexique et adapter leur pédagogie en fonction. Les programmes sont lourds et l’impératif de progresser pour ne pas prendre du retard donne quelquefois le sentiment à l’enfant dyslexique d’être mis à l’écart par ses professeurs. Ceci n’est en rien une excuse mais une simple réalité. Il est donc important que l’enfant dyslexique bénéficie d’un environnement adapté. Comment ? Il y a 3 points à ne pas négliger. Les voici :
Un environnement adapté
1. Il faut que la dyslexie soit détectée au plus tôt chez l’enfant (sans pour autant s’affoler à la moindre difficulté).
2. Informer les enseignants afin qu’ils ne nourrissent pas de malentendus avec l’élève dyslexique. Cette prise de conscience permettra à l’enseignant, dans la mesure du possible, de s’adapter. Il pourra même encourager les progrès réalisés par son élève dyslexique.
3. Faire suivre l’enfant dyslexique par des enseignants formés ou des orthophonistes. Les dyslexiques ont besoin d’un entraînement plus intensif sur les capacités phonologiques. Ces méthodes ne peuvent se faire qu’individuellement ou en petit groupe. Ces méthodes éprouvées donnent de bons résultats et permettent aux dyslexiques d’être autonome en lecture et ainsi rattraper leur retard.
À noter qu’il faut traiter l’enfant atteint de dyslexie autant que possible comme un enfant « normal ». Bien entendu l’enfant dyslexique a un handicap certain. Mais en voulant « trop » faire attention à cet handicap, on risque (inconsciemment) de le renforcer en mettant des croyances limitantes dans l’esprit de l’enfant. C’est un aspect bien trop souvent minoré voire occulté. Comme le dit le proverbe : « Le mieux est l’ennemi du bien« .
Enfin, si le problème est correctement détecté et accompagné les enfants atteints de ce handicap s’en sorte ensuite parfaitement bien dans leur parcours scolaire. Donc il ne faut pas désespérer.