Dernière modification de l’article le 31 mars 2025 par Admin

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains élèves se découragent face à la difficulté, tandis que d’autres persévèrent, même quand ça devient compliqué ?

Est-ce une question d’intelligence ? De talent ? Ou… de la manière dont vous les félicitez ?

Un simple « Bravo, tu es intelligent » peut-il vraiment saboter la motivation d’un élève ?

Une étude menée par la psychologue Carol Dweck pourrait bien vous surprendre. Ses résultats remettent en cause l’un des réflexes les plus ancrés chez les enseignants : le compliment classique.

Et ce que vous allez découvrir pourrait bien transformer votre façon d’encourager vos élèves…

Pourquoi vos compliments freinent peut-être vos élèves sans que vous le sachiez ?

Article et texte écrits par Jean-François MICHEL Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013, 2019 et 2024

Carol Dweck, psychologue à Stanford [1], a mené une expérience toute simple, mais redoutablement révélatrice.

Deux groupes d’élèves. Deux types de compliments.
Au premier groupe, elle a dit : « Tu es vraiment intelligent. »
Au second : « Bravo pour ton effort, tu as persévéré. »

Et là, surprise.

Les premiers ? Flattés, certes… mais vite paralysés.

Ils ont commencé à éviter les défis, préférant des exercices faciles.

Pourquoi ?

Parce qu’un échec aurait remis en question leur « intelligence ». Mieux valait ne pas prendre de risques.

Les seconds ? Plus combatifs.

Chaque difficulté devenait une opportunité d’apprendre. Ils persévéraient, cherchaient des solutions, acceptaient l’erreur comme une étape normale de leur progression.

Et le verdict est sans appel :
➡️ Complimenter l’intelligence crée des élèves qui ont peur d’échouer.
➡️ Complimenter l’effort forge des esprits résilients, capables de se relever et d’apprendre.

Autrement dit, en valorisant l’effort, vous ne félicitez pas seulement un résultat : vous construisez un état d’esprit. Celui qui fait qu’un élève ose, échoue, persévère, et finit par réussir.

Mais alors, comment mettre cela en pratique dans votre classe ou vos groupes ?

Comment encourager sans démotiver, et faire de chaque compliment un carburant pour la progression ?

Voici 5 pistes que vous pouvez expérimenter.

1. Complimentez l’effort, mais pas n’importe comment

Un compliment mal ciblé, c’est comme un coup d’épée dans l’eau : ça fait du bruit, mais ça ne change rien.

Pire, cela peut même freiner la motivation.

Alors, comment féliciter de manière efficace ? En valorisant ce que l’élève contrôle : son effort, ses stratégies, sa progression. Parce que c’est ce qui l’encourage à continuer, à se dépasser, à affronter les défis avec confiance.

Plutôt que le classique « Bravo, tu es intelligent » (qui enferme l’élève dans une étiquette figée), essayez des compliments qui mettent en lumière son cheminement :

  • « Tu as vraiment persévéré pour résoudre ce problème. » → Ici, vous soulignez la ténacité, le courage face à la difficulté.
  • « On voit que tu as réfléchi en profondeur. » → Vous valorisez la capacité de réflexion, pas juste le résultat.
  • « C’est ton raisonnement qui t’a permis d’y arriver, continue comme ça. » → Vous renforcez l’idée que la réussite vient de la méthode et de l’effort, pas d’un « don » inné.

Ces compliments ne sont pas là pour flatter, mais pour outiller.

Ils envoient un message clair : « Ce que tu viens de faire, tu peux le reproduire. Et même mieux, tu peux l’améliorer. »

Et c’est cette idée qui fait naître la résilience et la confiance. Parce que l’élève comprend que sa réussite ne dépend pas d’un hasard ou d’une capacité mystérieuse, mais de ses propres choix et de ses efforts.

Et devinez quoi ? Un élève qui comprend ça devient acteur de sa progression. Et ça, c’est le meilleur moteur pour apprendre.

2. Soyez précis

Un « Bon travail ! » lâché entre deux portes ? C’est comme un petit coup de vent : ça effleure, mais ça ne marque pas.

Pourquoi ? Parce que ce compliment vague n’envoie aucune information concrète à l’élève.

Il ne sait pas ce qu’il a bien fait, ni comment il peut reproduire ce succès. Résultat : il avance dans le brouillard.

Pour qu’un compliment devienne un véritable levier d’apprentissage, il doit être précis et ciblé. Il doit éclairer l’élève sur ce qu’il a bien fait et pourquoi c’est important.

Voici quelques exemples qui font mouche :

  • « Ton plan est clair et bien construit, c’est un vrai progrès. » → Vous valorisez une compétence précise : l’organisation des idées. L’élève comprend ce qu’il a amélioré et ce qu’il peut continuer à développer.
  • « Ta présentation est plus structurée qu’avant. Tu t’es vraiment amélioré. » → Ici, vous mettez en avant l’évolution. L’élève voit sa progression et prend confiance.
  • ✍️ « Ton écriture est plus fluide, on sent que tu as travaillé. » → Vous reliez le résultat à l’effort fourni. C’est l’occasion de renforcer l’idée que le progrès est le fruit du travail.

Ce type de compliments n’est pas juste flatteur, il est constructif. Il agit comme un panneau de signalisation : « Continue par ici, c’est la bonne direction. »

Et mieux encore : il nourrit le plaisir d’apprendre. Parce que l’élève voit concrètement qu’il avance, qu’il devient meilleur.

C’est ça, la clé. Transformer chaque compliment en carburant pour progresser. Et ça, c’est bien plus puissant qu’un simple « bravo » jeté au hasard.

3. Misez sur la règle du 4/1

La critique, c’est comme le sel en cuisine : nécessaire, mais en petite quantité. Trop, et le plat devient immangeable. Pas assez, et il manque de saveur.

C’est là qu’intervient la règle du 4/1 : pour chaque critique, offrez quatre compliments précis et sincères.

Mais attention, pas pour flatter gratuitement.

Pas pour cajoler. Non. Pour souligner les efforts réels, mettre en lumière les progrès et donner envie de continuer.

Parce que face à un reproche, l’élève se braque. Il doute, il se décourage. Mais face à des retours équilibrés, il écoute, il comprend… et il progresse.

Prenons un exemple :

« Je vois que tu as mieux organisé ton texte, c’est un vrai progrès. » → Vous commencez par souligner une évolution concrète.
« Ton introduction est claire, c’est plus engageant. » → Vous valorisez un élément précis qui renforce le travail.
« Ta conclusion résume bien l’idée. » → Vous montrez que l’élève a su structurer sa pensée jusqu’au bout.
« Ton orthographe s’améliore. » → Vous soulignez un effort souvent invisible mais important.

Puis seulement après :

⚠️ « Maintenant, on va travailler sur les transitions entre tes idées. »

Et là, magie.

La critique ne démolit pas, elle devient une invitation à progresser. Parce que l’élève se sent en sécurité. Il sait qu’il a déjà franchi des étapes, qu’il est sur la bonne voie.

Cette méthode, c’est plus qu’une technique. Elle peut être un puissant levier de motivation.

Vous montrez que vous voyez l’effort.

Vous montrez que vous croyez en ses capacités. Et c’est précisément cette reconnaissance qui donne l’envie de se dépasser.

Alors, la prochaine fois que vous donnez un feedback, pensez à ce ratio. Il ne s’agit pas de cacher les erreurs, mais de leur donner le cadre idéal pour devenir des opportunités d’apprentissage.

Parce qu’un élève qui se sent reconnu est un élève qui ose. Qui apprend. Et qui avance.

4. Faites des compliments qui amène une perspective

Un compliment figé, c’est comme un point final. Ça ferme la discussion. Ça fige l’élève dans le moment présent.

Un « C’est bien » peut faire plaisir sur le coup, mais il n’ouvre aucune perspective. Et l’élève ? Il risque de s’arrêter là, convaincu qu’il a atteint le sommet.

Mais vous, ce que vous voulez, c’est qu’il continue à grimper, qu’il voie le prochain sommet comme un défi motivant, pas comme une montagne infranchissable.

Alors, comment faire ?

En transformant chaque compliment en tremplin vers l’avenir. En montrant à l’élève non pas où il est… mais jusqu’où il pourrait aller.

Voici des exemples concrets :

  • « Grâce à cette méthode, tu peux encore progresser sur… » → Vous ouvrez une porte. Vous montrez que le chemin continue et que l’élève a déjà les outils pour avancer.
  • « C’est un bon point de départ, voyons comment aller plus loin. » → Vous valorisez l’effort déjà fourni, tout en suggérant qu’il y a encore du potentiel à explorer.

Ces phrases sont puissantes. Elles disent : « Tu es en mouvement. Tu avances. Et tu peux aller encore plus loin. »

C’est ça, l’essentiel.

Garder l’élève dans une dynamique de progression. Lui donner cette conviction que chaque réussite n’est qu’une étape, et qu’il est capable de plus.

Et devinez quoi ? Cette petite nuance change tout.

Parce qu’un élève qui voit l’avenir comme une aventure stimulante, et non comme une épreuve effrayante, c’est un élève qui ose, qui tente, qui apprend.

Et c’est exactement ce qu’on veut construire : des élèves qui voient grand. Qui avancent loin. Et qui comprennent que chaque effort aujourd’hui est la clé des réussites de demain.

5. Transformez l’erreur en opportunité

Et si l’erreur était… une alliée ?

Trop souvent, les élèves voient l’erreur comme un échec, une preuve qu’ils « ne sont pas capables ».

Résultat ? Ils évitent les défis, ils jouent la sécurité, ils se brident.

Mais vous pouvez changer ça. Vous pouvez faire de chaque erreur un tremplin d’apprentissage.

Parce qu’une erreur bien exploitée, c’est une avancée solide.

Essayez cette approche :

  • « Cette erreur t’a permis de comprendre quelque chose d’important. C’est une vraie avancée. »

Ce n’est pas juste une phrase. C’est un changement de perspective. Vous montrez que l’erreur n’est pas un mur, mais une porte. Une occasion de progresser, d’affiner son raisonnement, de grandir.

Et le plus beau ? Ces stratégies ne boostent pas seulement les résultats. Elles transforment l’état d’esprit de vos élèves.

✅ Ils n’auront plus peur d’échouer.
✅ Ils chercheront à apprendre, même quand c’est difficile.
✅ Ils deviendront plus autonomes, plus créatifs.

Parce qu’ils comprendront que l’erreur n’est pas une fatalité, mais une étape normale de leur progression.

Vous voulez des élèves qui osent ? Des élèves qui testent, qui expérimentent, qui innovent ? Alors commencez par féliciter… leur courage à essayer.

Parce que le vrai échec, ce n’est pas de tomber. C’est de ne jamais se relever.

Et vous, quelle est votre stratégie pour valoriser les efforts de vos élèves ? Comment transformez-vous les erreurs en leçons de vie ?

Partagez votre expérience en commentaire.

Sources et références

[1] Étude de Carol DWECK :Effects of Ability and Effort Praise on Children’s Failure Attribution, Self-Handicapping, and Performancehttps://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6176062/

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