Dernière modification de l’article le 19 mai 2016 par Admin
Une des façons les plus négatives de considérer un apprentissage est d’affirmer qu’il suffit de « travailler plus » et de « faire des efforts» pour obtenir de meilleurs résultats. Cela n’est pas forcément vrai. Pourquoi ?
Il suffit de « travailler plus » et de « faire des efforts» pour obtenir de meilleurs résultats. Ce conseil est d’ailleurs souvent donné en toute bonne foi car cela semble en général la seule manière d’améliorer un apprentissage.
Ce que nous savons maintenant du fonctionnement du cerveau nous permet pourtant de mieux comprendre que cette manière d’apprendre n’a pas les résultats attendus :
• « Faire des efforts » dans la réalisation d’une tâche met en œuvre majoritairement l’hémisphère gauche (logique], ce qui nous fait nous concentrer sur un apprentissage linéaire, négligeant ainsi les caractéristiques de l’hémisphère droit, plus apte à donner un sens global à ce que l’on apprend, et également plus apte à stocker l’information.
• « Faire des efforts » peut déclencher de l’anxiété ou du stress, et provoquer dans le système limbique la réaction automatique de « combattre ou fuir ». Cela peut faire disjoncter l’accès à la partie supérieure du cerveau (le néocortex), empêchant tout apprentissage.
Attention : le mot « effort » peut prêter à confusion. On peut distinguer deux types d’effort :
• l’effort-plaisir : c’est un effort physique ou intellectuel qui est lié à une certaine forme de plaisir (faire des longueurs de piscine, grimper en haut d’une montagne, faire une compétition sportive, pratiquer un art, lire tous les livres sur les dinosaures, jouer aux échecs, etc.) ;
• l’effort-contrainte, dans lequel l’effort demandé est imposé et n’a pas de sens pour celui que l’on force. L’effort-contrainte peut donner des résultats, bien entendu, mais ceux-ci sont le plus souvent tragiquement médiocres par rapport à l’énergie dépensée et à la souffrance engendrée par ce comportement.
L’effort-plaisir participe au dépassement de soi, l’effort-contrainte conduit souvent à l’ennui, à la médiocrité, et peut être très démotivant.
John Dewey : « Apprendre en faisant »
Le pédagogue américain John Dewey (1859-1952) est l’initiateur de la pédagogie du projet learning by doing (« apprendre par l’action »).
Les méthodes de la pédagogie traditionnelle lui paraissent détestables : il est convaincu que les programmes sont en conflit permanent avec la nature de l’esprit et avec le processus normal de son développement. Il refuse l’éducation qui consiste à « apprendre à parler sur les choses plutôt qu’apprendre à les faire ».
Pour cela, il crée en 1896 une école expérimentale à Chicago, dont l’un des fondements est « apprendre en faisant ». Pour lui et pour ses successeurs, si l’on veut que l’école reflète la société d’aujourd’hui, trois choses doivent être modifiées : les matières enseignées, la façon dont les maîtres les enseignent, la manière dont les élèves les apprennent.
Loin de l’autorité habituelle où le maître est un guide absolu, Dewey souhaite réconcilier esprit et action, travail et loisir, intérêt et effort.
Il pense que l’enfant doit agir plutôt qu’écouter. Cette pédagogie du projet vise à ce qu’en anticipant les résultats (le but du projet) les élèves s’engagent volontairement dans l’action. Car pour être motivé, il faut avoir un but. De plus, pour John Dewey, l’école, pour bien remplir son rôle, doit donner aux enfants le sens de la liberté et de la démocratie.
Texte & dossier: Bruno Hourst
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Comptent de ces expressions!!