Dernière modification de l’article le 2 juin 2016 par Admin

Adulte qui parle de pédophilie à un enfantOuvrir des temps de paroles consacrés à la pédophilie est nécessaire parce que les enfants ont le droit de savoir qu’il existe des adultes qui souhaitent leur faire du mal, qu’ils ont le droit d’apprendre à les reconnaître pour pouvoir s’en méfier, qu’ils ont le droit de savoir que beaucoup d’adultes ne sont pas dignes de confiance et peuvent être « très méchants ». Le silence engendré par le tabou couvre les prédateurs. En parler c’est éviter aux enfants de tomber dans leurs pièges, c’est les protéger.

Le loup du « Petit Chaperon Rouge » est bien vivant, à l’heure d’internet, plus que jamais d’actualité. Il s’agit donc de permettre aux enfants d’en apprendre sur ce qui les concerne mais aussi d’agir une prévention. Parler est un moyen d’éviter à un enfant de devenir une victime, un moyen d’arriver à temps pour stopper un début de piège tendu par un pédophile à un enfant, un moyen d’amener un enfant à douter du « bien-fondé supposé » de ce qui lui arrive quand le piège s’est hélas déjà refermé sur lui, un moyen de lui permettre de se tourner vers des figures secourables. Parler c’est sauver. Parler sans tabou, au quotidien comme on parlerait de quelque chose qui hélas est plus silencieux que rare.

Quelques chiffres sur la pédophilie

« Les crimes des prédateurs sexuels font régulièrement la UNE des médias… Mais il existe une pédophilie ordinaire, silencieuse et bien plus répandue. » En témoignent les statistiques :

1% des hommes seraient attirés par les enfants et 7 à 10% des pédophiles seraient des femmes.

L’UNICEF a recensé 4 millions de sites pédopornographiques.

On compte 40 agressions sexuelles sur mineur et par jour en France.

9 abus sur 10 ne seraient pas signalés. Seuls 7% des viols seraient dénoncés.

Selon les « études », 10% des personnes auraient subi quelque chose, 1 femme sur 4 et 1 homme sur 6 auraient subi quelque chose étant enfant, 1 enfant sur 6/7 aurait subi ou subirait quelque chose.

Au moins 15% des – de 15 ans ont déjà été sollicité sur internet.

Le silence engendré par le tabou couvre les prédateurs. En parler c’est éviter aux enfants de tomber dans leurs pièges, c’est les protéger.

Apprendre à en parler aux enfants après avoir écouté ceux qui en parlent. Comme Catherine Anne dans la pièce « Agnès » qu’elle a écrite et mise en scène. Agnès, 12 ans, abusée par un père à qui elle refuse le nom de père et qu’elle désigne comme propriétaire d’elle-même, vit avec sa mère qui voit mais dit ne pas voir et avec sa jeune sœur pour qui elle craint le pire. « L’auteure ne tombe à aucun moment dans la psychologie. Elle pose ses pions, les avance à toute allure dans de très courtes saynètes qui n’ont pas forcément le temps d’exister, mais ce rythme haché confère à la pièce une sécheresse très raccord avec son propos : ce n’est pas agréable, ce n’est de toute façon pas fait pour. Le décor cause plus par ce qu’il cache que par ce qu’on voit. 3 comédiennes jouent Agnès enfant, Agnès adolescente, Agnès adulte. Elles se croisent, co-existent, pour dire à quel point cette gamine a été mise en pièces et comment c’est en retraversant ces périodes, notamment par l’intermédiaire d’un procès (évoqué mais non joué sur le plateau) qu’elle pourra se reconstruire ». Nadja Pobel

Association « Colosse aux pieds d’argile »

C’est de ce courage salutaire, résilient que fait preuve Sébastien Boueilh, président de l’association « Colosse aux pieds d’argile ». L’association a pour visée la prévention et la sensibilisation aux risques pédophiles en milieu sportif. C’est dans le sac de sport de mes fils que j’ai trouvé une invitation à une réunion, leur club de foot souhaitant devenir adhérent à l’association et signer la charte. La réunion devait avoir lieu en soirée à Morlaàs. J’étais fort étonnée d’une telle réunion, agréablement cependant. J’étais bien décidée à m’y rendre à la fois par curiosité intellectuelle et parce que le pressentiment qu’il y aurait peu de monde à cette réunion me laissait penser que la présence d’une personne était importante en terme de soutien à ce colosse qui a la volonté de rendre plus léger un menhir/tabou. C’est mathématique, plus nous serons nombreux à écouter puis à parler et plus nous fabriquerons la potion magique qui allègera le menhir. Et plus nous allègerons le tabou et plus nous contribuerons à faire reculer la pédophilie. Pour l’instant, j’ai le sentiment que les pédophiles ont une avenue devant eux et grâce à une association comme « Colosse aux pieds d’argile », l’avenue commence à se rétrécir.

En effet, il y avait peu de monde à la réunion. Peut-être étions-nous au moins 10. Certains râlaient car la plupart des éducateurs sportifs du club de foot « n’étaient même pas venus ! » Sébastien Boueilh a dit que l’association a l’habitude qu’il n’y ait pas foule. Mais il y avait France 2 pour Stade 2. Sébastien Boueilh nous a expliqué que chaque parution médiatique a de forts effets. A chaque fois, des victimes appellent l’association.

Comment en parler aux enfants?

Dans le public, une enseignante de maternelle se demandant comment parler de cela aux enfants. On peut se demander s’il ne faudrait pas leur avoir parlé de sexualité avant de leur parler d’agression sexuelle. On peut aussi envisager que l’agression sexuelle n’est pas de la sexualité et n’a rien à voir avec la sexualité. Il s’agirait alors de parler aux enfants de leur corps et des interdits inconditionnels qui gravitent autour de ce corps. En parler à chaque occasion afin que chaque enfant devienne intimement convaincu qu’aucun adulte pour quelque raison que ce soit ne possède de passe-droit concernant son corps et son intimité. En réponse à l’interrogation de l’enseignante, Sébastien Boueilh décide de faire passer à un jeune enfant présent dans l’assemblée un quizz conçu par son association. L’enfant a 7 ans, le quizz est adapté aux enfants de 5 à 10 ans. Le quizz a été conçu pour le milieu sportif mais les idées sous-jacentes au quizz peuvent se transposer à d’autres milieux. Le quizz est un outil utile à ouvrir des discussions.

 

Dossier et texte : Violaine VERDOUX

Violaine Verdoux est psychologue à la Maison de la santé. Elle exerce également en cabinet à Lembeye (64 – Pyrénées-Atlantiques)

Contact : violaineverdoux@neuf.fr

 

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