Dernière modification de l’article le 2 mars 2025 par Admin

Vous pensez que la réussite scolaire repose sur l’intelligence ?
Sur la discipline ?
Ou encore sur la motivation ?

Vous êtes à côté.

Ou plutôt… ce ne sont que des conséquences d’un facteur bien plus profond.

Un facteur invisible. Silencieux. Mais terriblement puissant.

Qu’est-ce que c’est ? C’est l’espoir !

Alors oui, résonne dans votre esprit cette ritournelle presque moqueuse « l’espoir fait vivre !  ».

Détrompez-vous car l’espoir conditionne la réussite ou l’échec face à l’obstacle, qu’il s’agisse de l’apprentissage ou de la vie tout simplement.

Article et texte écrits par Jean-François MICHEL Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013, 2019 et 2024

Vous avez sûrement déjà vécu cette scène.

Un élève en difficulté devant son exercice.
Son regard oscille entre son cahier et la pendule accrochée sur le mur de la classe
Ses épaules s’affaissent.
Et puis, les mots fatidiques tombent :

« J’y arrive pas. »

À cet instant, la majorité des enseignants réagissent de deux façons.

Soit ils insistent sur la méthode.
« Regarde bien la consigne, applique la règle, essaie encore. »

Soit ils misent sur l’encouragement.
« Ne t’inquiète pas, tu vas y arriver. Continue d’essayer. »

Et pourtant, dans les deux cas, c’est l’échec.

Pourquoi ?

Parce qu’ils sont passés à côté de l’élément essentiel.

Un élément invisible mais fondamental.
Un élément qui sépare les élèves qui persévèrent de ceux qui abandonnent : l’espoir.

La clé de la réussite scolaire : l’espoir

Car sans espoir, tout s’effondre ! C’est ce que démontre la science… et pas que.

Dans les années 1950 par Curt Richter, professeur à Johns Hopkins [1] , fait une expérience … un peu cruelle avec des rats.

Son objectif ?
Observer combien de temps des rats pouvaient survivre dans l’eau avant de sombrer dans l’épuisement.

Un simple test de résistance, en apparence.

Richter place un premier groupe de rats dans un seau rempli d’eau.
L’eau est calme, sans courant.
Rien ne les empêche de nager.

Et pourtant…

Au bout de quelques minutes seulement, ils abandonnent.
Ils arrêtent de se débattre.
Leur corps s’immobilise et Curt Richter les récupèrent avant la noyade.

Sauf que le scientifique, très méticuleux, n’est pas satisfait du chronométrage.

Alors  le lendemain il recommence l’expérience avec les mêmes rats qui ont eu le temps de se reposer.

On pourrait penser que ces rats, ayant déjà échoué une première fois, abandonneraient encore plus vite.

Qu’ils auraient compris que leur sort est inéluctable.

Mais non.

Quelque chose d’extraordinaire se produit.

Cette fois-ci, ils nagent non pas quelques minutes, mais… 60 heures !

Oui ! Vous avez bien compris : soixante heures de nage!

Certains tiennent même jusqu’à 80 heures avant d’abandonner.

Un écart phénoménal.
Un véritable saut quantique dans leur capacité de résistance.

Mais comment est-ce possible ? Qu’est-ce qui explique que l’on soit passé de quelques minutes au premier essai à plusieurs dizaines d’heures au second ?

Pourquoi ces petites créatures deviennent soudain des nageurs infatigables ?

Du le premier essai elles ont tout simplement appris qu’à un moment elles seraient « sauvées » de la noyade.

Ce que cette expérience nous apprend sur les élèves en difficulté

Un élève qui décroche, qui baisse les bras face à une matière, qui vous regarde avec un air de résignation…

C’est comme cette bestiole dans l’eau qui pense qu’il va se noyer.

Il n’abandonne pas parce qu’il est stupide.
Il ne renonce pas parce qu’il est paresseux.
Il laisse tomber parce qu’il est convaincu que, quoi qu’il fasse, il échouera.

Et cette croyance est plus puissante que n’importe quelle intelligence.

Si vous lui donnez une raison d’espérer,
Si vous lui montrez qu’il peut réussir,
Si vous lui prouver qu’il n’est pas condamné,

Alors vous activez son moteur caché.

Et à partir de là, il peut tenir bien plus longtemps qu’il ne l’imagine lui-même.

Cela ne veut pas dire non plus que les élèves en réussite scolaire sont systématiquement animés par une capacité à générer de l’espoir.

Mais en cas d’échec ou de passage difficile, ils sont capables de mobiliser cette ressource de l’espérance.

L’enseignement à tirer : soyez celui qui sort les élèves de la noyade

Vos élèves sont comme ces petites bêtes de laboratoire :

certains nagent encore ;
d’autres sont en train de couler.

Et vous avez un choix à faire.

Soit vous les laissez s’épuiser et se noyer dans leurs doutes…
Soit vous leur donnez cette étincelle d’espoir qui leur fera tenir bien au-delà de leurs propres limites.

C’est votre regard sur eux qui peut tout changer.

Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’une main tendue au bon moment.

Quelle application en classe ? Voici 2 stratégies

1.La « règle des 10% » : La stratégie secrète pour empêcher l’abandon

Avez-vous déjà eu un élève qui, face à un exercice ou une tâche scolaire, bloque complètement ?

Il soupire, regarde ailleurs, prétend ne pas savoir par où commencer.
Et au bout de quelques minutes, il vous sort le classique :
« J’y arriverai jamais. »

Pourquoi réagit-il ainsi ?

Parce que son cerveau voit la tâche comme une montagne infranchissable.

Et quand on est persuadé qu’on ne peut pas atteindre un sommet, que fait-on ?

On n’essaie même pas.

Le piège du cerveau : la paralysie face à l’effort

Lorsque nous sommes face à une tâche qui nous semble trop difficile, notre cerveau déclenche un mécanisme de défense très puissant :

Il nous pousse à abandonner AVANT même d’avoir commencé.

Pourquoi ?

Parce qu’il fonctionne par économie d’énergie.

Pour lui, un défi trop grand = trop de ressources à mobiliser = autant ne pas gaspiller d’énergie.

C’est exactement ce qui se passe chez vos élèves :

Un long devoir ? → ils préfèrent ne pas commencer.
Un problème de maths compliqué ? → ils disent qu’ils ne savent pas faire.
Une leçon entière à apprendre ? → ils procrastinent et remettent à plus tard.

Ce n’est ni de la paresse, ni de la mauvaise volonté.

C’est une réaction automatique du cerveau.

Ce n’est pas une invitation à ne rien faire, à transformer vos élèves en victime de l’évolution, mais de comprendre les mécanismes sous-jacents pour agir à propos.

Et votre rôle, en tant qu’enseignant, est de contourner ce blocage.

Comment briser la paralysie du cerveau ? La « règle des 10%»

La solution est simple :

Demandez à l’élève de faire JUSTE 10% de la tâche.

Plutôt que : « Fais ce devoir entier »
✅ Dites : « Commence par répondre à la PREMIÈRE question. »

Plutôt que : « Apprends toute la leçon »
✅ Dites : « Lis juste le PREMIER paragraphe et souligne les idées importantes. »

Plutôt que : « Écris une rédaction complète »
✅ Dites : « Rédige juste la PREMIÈRE phrase. »

Pourquoi ça marche ?

Parce qu’une fois qu’on a commencé… on a envie de continuer.

Le cerveau n’aime pas les choses inachevées.
C’est ce qu’on appelle l’effet Zeigarnik : une tâche commencée reste en suspens dans notre esprit, et on ressent naturellement le besoin de la finir.

Un élève qui fait 10% du travail réalise soudain que c’est possible.
Et souvent… il en fait bien plus sans même s’en rendre compte.

Exemple concret : La magie des 5 minutes

Prenons un exemple en classe.

Un élève refuse de faire un exercice.
Il vous dit « C’est trop long, c’est trop compliqué. »

Application de la règle des 10% :

« Ok, pas de souci. Fais juste la première partie. Pas besoin de tout faire. Juste 5 minutes. »

Cinq minutes passent.
Il réalise que ce n’était pas si insurmontable.

Vous enchaînez :
« Parfait, tu es lancé. Continue si tu le sens. »

Et dans la majorité des cas… il continue.

Pourquoi ?

Parce que son cerveau a compris que ce n’était pas un mur, juste une marche à franchir.

Bonus : La règle des 10% appliquée au quotidien

En classe

  • Divisez les tâches en mini-objectifs clairs.
  • Donnez aux élèves une petite première mission facile pour les lancer.
  • Instaurez un « challenge des 5 minutes » : chaque élève doit s’engager à travailler 5 minutes avant d’avoir le droit d’abandonner. (Spoiler : ils continuent presque toujours après ces 5 minutes).

À la maison

  • Encouragez les élèves à appliquer cette technique pour leurs devoirs.
  • Dites-leur : « Plutôt que d’attendre la motivation, commencez par 10% du travail. Ensuite, vous décidez si vous continuez. »
  • Exemple : Plutôt que de réviser 20 pages, lisez une seule page.

Dans la vie quotidienne
Cette technique fonctionne aussi pour… les adultes !

✍️ Vous devez écrire un texte ?
Écrivez juste une phrase.

‍♂️ Vous devez faire du sport ?
Commencez par juste 10 minutes d’exercice.

Vous devez lire un livre ?
Lisez une seule page.

Une fois lancé, le reste suit naturellement.

Conclusion : Votre mission ? Leur faire commencer, le reste suivra

Les élèves n’ont pas besoin de plus de motivation.

Ils ont besoin d’un point de départ atteignable.

La peur d’une tâche trop grande paralyse.
Une petite action immédiate débloque tout.

➡ Donnez-leur une micro-mission.
➡ Réduisez la pression de l’objectif final.
➡ Une fois en mouvement, ils iront bien plus loin que prévu.

Testez la règle des 10% dès demain en classe.

Et regardez vos élèves se surprendre eux-mêmes.

2.Racontez des histoires de persévérance (et cassez le mythe du génie)

« Moi, je ne suis pas intelligent comme lui. »
« Elle, elle est naturellement douée. Moi, je suis nul. »
« J’ai toujours été mauvais en maths, ça ne changera jamais. »

Ces phrases, vous les entendez tous les jours.

Pourquoi ?

Parce que beaucoup d’élèves pensent que l’intelligence est fixe.
Que ceux qui réussissent sont nés avec un cerveau câblé différent, sorte de cadeau de la divinité. Injustice suprême !
Que les bons élèves sont naturellement doués, et que les autres sont condamnés à galérer toute leur vie.

C’est faux bien sûr.

Et c’est votre rôle de le leur prouver.

Mais pas avec des discours moralisateurs du type :
« Mais non, si tu travailles, tu réussiras ! »
« Tout le monde peut y arriver, il suffit d’y croire ! »

Ces phrases ne marchent pas.

Pourquoi ?

Parce que l’être humain a besoin de preuves.
Donc amenez des preuves concrètespour vos élèves.

Et la meilleure manière de leur montrer que la réussite n’est pas une question de talent, mais de persévérance…

… c’est de leur raconter des histoires qui cassent le mythe du génie.

Trois histoires à raconter à vos élèves

a/ J.K. Rowling et les 12 refus d’éditeurs

⛷️ Comment raconter cette histoire à vos élèves ?

Posez-leur cette question en début de cours :

➡ « À votre avis, combien de fois Harry Potter a-t-il été rejeté avant d’être publié ? »

Laissez-les faire des suppositions et faites monter le suspense:
« Une fois ? »
« Deux fois ? »
« Cinq fois ? »

Puis, annoncez la réalité :
Douze éditeurs lui ont dit non.

Douze fois, elle a reçu une lettre lui disant : « Votre livre ne marchera jamais. »
Douze fois, elle aurait pu abandonner.

Et pourtant…
Elle a persisté.

Le 13ᵉ éditeur a dit oui.
Et aujourd’hui, Harry Potter est l’un des livres les plus lus et vendus de tous les temps.

Moralité à transmettre aux élèves :
« Si J.K. Rowling avait abandonné au 10ᵉ refus, vous n’auriez jamais connu Harry Potter. »

« Et si votre propre réussite était à deux tentatives de plus ? »

b/ Sylvester Stallone et les 150 refus de producteurs

⛷️ Comment raconter cette histoire à vos élèves ?

Commencez par exemple à leur montrer une image de Rocky Balboa.

Demandez-leur :

➡ « Qui connaît ce film ? »
➡ « D’après vous, cet acteur a-t-il eu une carrière facile ? »

Puis, révélez l’histoire :

Stallone était fauché : il vivait dans une chambre miteuse et a même dû même vendre son chien pour pouvoir manger.
Il avait écrit le scénario de Rocky et était convaincu que ce film pouvait marcher.
Il est allé voir des dizaines de producteurs…
… et plus de 150 ont refusé.

150 fois, il a entendu :
« Ton film n’intéressera personne. »
« Tu n’es pas un bon acteur. »
« Ça ne marchera jamais. »

Et pourtant…

Le 151ᵉ producteur lui a laissé sa chance.

Aujourd’hui, Rocky est l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma.

Moralité à transmettre aux élèves :
 « Si Stallone avait abandonné après 100 refus, Rocky n’existerait pas. »
« Combien d’efforts êtes-vous prêts à faire avant de réussir ? »

️ c/ Henri Guillaumet et sa marche dans les Andes

⛷️ Comment raconter cette histoire à vos élèves ?

Commencez par cette mise en situation :

➡ « Imaginez que vous êtes perdu en pleine montagne, sans nourriture, sans équipement, avec du vent glacial et des températures extrêmes. »
➡ « Combien de temps pensez-vous pouvoir survivre ? »

Puis, racontez l’histoire :

En 1930, Henri Guillaumet, un pilote de l’Aéropostale, s’écrase en avion dans les Andes.
Il est seul, en pleine tempête de neige, sans équipement adapté et des chaussures de ville.
Il aurait pu rester sur place et mourir de froid.
Mais il a décidé de marcher.

Il a marché pendant cinq jours, sans nourriture, dans le froid glacial, dans une montagne qui voulait sa mort.

Pourquoi n’a-t-il pas abandonné ?

Parce qu’il était persuadé qu’il pouvait survivre.

Et il y est arrivé.

Moralité à transmettre aux élèves :
️ « Si Guillaumet a pu survivre 5 jours dans les Andes, alors vous pouvez bien tenir 5 minutes de plus sur votre exercice. »
« La persévérance, l’effort  sont plus puissants que tout. »

Comment rendre ces histoires encore plus percutantes ?

Vous voulez que ces histoires impactent profondément vos élèves ?

Voici 3 techniques infaillibles :

✔️ 1. Posez une question intrigante avant de commencer
« Combien de refus pensez-vous qu’Harry Potter a reçus avant d’être publié ? »
« À votre avis, combien de producteurs ont dit non à Rocky avant qu’il devienne célèbre ? »
️ « Combien de temps pourriez-vous survivre seul dans les montagnes ? »

Cela capte immédiatement leur attention et les implique.

✔️ 2. Faites-les se mettre à la place du personnage
« Imagine que tu es J.K. Rowling. Au bout de combien de refus tu aurais abandonné ? »
« Si tu étais Stallone, aurais-tu continué après 50 rejets ? Après 100 ? »
️ « Si tu étais Guillaumet, aurais-tu marché un jour ? Deux jours ? Cinq jours ? »

Cela leur fait ressentir l’histoire, plutôt que de simplement l’écouter.

✔️ 3. Reliez toujours l’histoire à leur propre situation
« Et toi ? Qu’est-ce que tu as abandonné trop vite ? »
« Quel défi es-tu en train de fuir, alors que tu pourrais encore réussir ? »

Les histoires deviennent alors des leçons personnelles.

Conclusion : Changez leur perception de l’échec

Ces histoires ne sont pas juste des anecdotes.

Elles sont des preuves.

La preuve que la réussite vient de la persévérance.
La preuve que l’échec n’est qu’un détour, pas une impasse.
La preuve qu’eux aussi peuvent réussir, s’ils tiennent bon.

En racontant ces histoires de la bonne manière, vous changez leur manière de voir le monde.

Vous transformez leur peur de l’échec en envie d’essayer encore.

Et c’est peut-être la plus belle leçon que vous puissiez leur offrir.

Sources et références

[1] Etude de Curt Richter, (publié en 1957) https://www.aipro.info/wp/wp-content/uploads/2017/08/phenomena_sudden_death.pdf

https://worldofwork.io/2019/07/drowning-rats-psychology-experiments/

[2] Références et sources sur la persévérance : https://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/quelle-est-la-source-de-la-perseverance/

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