Dernière modification de l’article le 7 octobre 2024 par Admin

Aider élèves à mémoriser de façon solide

Vous avez sûrement l’impression que votre message passe… Après tout, vos élèves acquiescent, prennent des notes, semblent comprendre.
Mais la réalité est bien plus complexe. Dès que la cloche sonne, une lente érosion de l’information commence. Vingt minutes après votre cours, ils n’ont déjà plus que 60 % du contenu en tête. Une heure plus tard, ce pourcentage chute encore. Est-ce que votre enseignement, si minutieusement préparé, finit par se perdre dans le néant ? Heureusement, la courbe de l’oubli n’est pas une fatalité. Et en comprenant mieux ce mécanisme, vous pouvez inverser la tendance. Envie de savoir comment ?

Article et texte écrits par Jean-François MICHEL Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013 et 2019

 

 

Vous faites de votre mieux, vous multipliez les efforts pour rendre vos cours intéressants, interactifs, engageants… Et pourtant, quelques semaines plus tard, c’est comme si rien n’avait été enseigné. 

C’est comme si la mémoire de vos élèves était une ardoise que l’on efface régulièrement. Pourquoi cela arrive-t-il ? La réponse se trouve dans un phénomène que les scientifiques appellent « la courbe de l’oubli ».


60 % du contenu enseigné se maintient… pendant à peine 20 minutes.
Puis, comme un sablier que l’on retourne, chaque grain d’information commence à glisser, inexorablement.

Une heure plus tard, la moitié de ce que vous avez enseigné s’est déjà évaporée. 50 % de votre contenu a disparu, volatilisé.

Et ce n’est que le début du massacre.

Après neuf heures, il ne reste qu’une trace de 30 % dans leur mémoire. Le lendemain, c’est tout ce qu’ils ont conservé : moins d’un tiers de votre travail, de vos explications, de vos efforts. 

Déconcertant, n’est-ce pas ? Et la descente continue. 

Après 30 jours, on frôle l’oubli total. 20 % des informations survivent, et encore… comme des ruines d’une cité autrefois vibrante de savoir.

Après quelques mois ? Rien. 

Ou presque. 

Votre cours, celui pour lequel vous avez investi tant de temps et d’énergie, n’est plus qu’un lointain souvenir, un murmure dans un coin reculé de leur cerveau.
Ça fait réfléchir, non ?

Ces conclusions ne sont pas de simples hypothèses. Elles proviennent du travail du psychologue allemand Hermann Ebbinghaus en 1885.

Shéma courbe de mémorisation

Elles ont été confirmées en 1985, puis renforcées par une étude en 2015 à l’université d’Amsterdam. Les chercheurs ont observé un groupe de participants soumis à un exercice monumental : 70 heures d’apprentissage intensif, suivies de séances de révision à des moments bien choisis – 20 minutes, une heure, neuf heures, un jour, deux jours, et 31 jours.

Le résultat ? Sans réactivation régulière, l’oubli suit une pente fatale. C’est mécanique. L’esprit humain est conçu pour éliminer ce qui n’est pas jugé essentiel.
Alors, que faire pour éviter que votre enseignement ne tombe dans ce puits sans fond ?

 

 

1. Le rappel progressif


Imaginez leur cerveau comme une passoire. Vous y versez des litres d’informations chaque jour. Vous déployez toute votre énergie, toute votre passion, mais voilà : tout s’échappe. Lentement. Presque sans que vous ne vous en rendiez compte. Ce que vous enseignez, si minutieusement préparé, s’évapore.


Pourquoi ? Parce que le cerveau oublie, naturellement comme on l’a vu. Il ne garde que ce qu’il considère important à long terme. Et si rien n’est fait pour maintenir les informations, elles glissent hors de leur esprit. Ce que vous avez construit, à force de travail, disparaît. Sauf si vous faites quelque chose pour y remédier.

Comment faire ? La solution tient en une seule phrase : le rappel progressif.
Pas besoin de répéter constamment, ni de surcharger vos élèves avec des rappels incessants. 

Non. La clé est simple : de petites doses d’informations, espacées dans le temps. Imaginez une plante.

 Elle ne survit pas si vous l’arrosez trop ou pas assez. Elle a besoin d’un équilibre. Des arrosages réguliers, bien dosés.

Pour vos élèves, c’est pareil. Un jour, une semaine, un mois.
Voilà le rythme. Après une leçon, n’attendez pas qu’ils oublient. Faites des rappels réguliers, espacés, comme on alimente une flamme. Une petite question le lendemain, une révision rapide dans la semaine, puis un rappel un mois après. Rien de compliqué. Juste de la régularité. Chaque rappel, même bref, renforce la mémoire. Il fixe l’information un peu plus profondément à chaque fois.
Vous ne laissez plus le savoir s’échapper.

Au contraire, vous l’ancrez dans leur esprit. Ce que vous enseignez reste. Finies les leçons qui se dissipent au fil des jours. Les fuites se colmatent, et vos efforts ne sont plus vains.

Vos élèves retiennent. Ce que vous avez transmis ne se volatilise plus. Grâce à ces révisions régulières, vous vous assurez que les informations restent bien gravées, durablement. C’est comme si chaque rappel scellait un peu plus la connaissance dans leur mémoire.

Votre enseignement devient solide, robuste. Les informations ne se perdent plus dans le flou. Elles restent là, prêtes à être utilisées, longtemps après la leçon initiale.

 

 

2. Le bachotage, c’est fini !

On connaît tous ce phénomène. Vos élèves se plongent dans leurs cours à la dernière minute, la veille d’un contrôle, avec une énergie presque désespérée. Ils veulent tout apprendre d’un coup, convaincus qu’en quelques heures d’intense révision, ils pourront maîtriser l’ensemble du programme.

Et sur le moment, ça peut leur donner l’impression d’être productifs. Ça brûle, ça cogne dans leur tête… mais tout ça ne dure pas.
Pourquoi ? Parce que le bachotage ou le « binge-learning », cette pratique de tout ingurgiter d’un coup, est une illusion.

Oui, les élèves mémorisent beaucoup d’informations en peu de temps, mais comme un feu d’artifice, l’éclat est éphémère. Ça brille fort, mais ça s’éteint tout aussi vite. Ce qu’ils croient avoir appris se dissipe rapidement. 

Le cerveau n’a pas le temps de fixer les connaissances durablement, il ne fait que survoler les informations, sans les ancrer.

Cela se caractérise par :

  • Un apprentissage de dernière minute : les élèves attendent souvent la veille de l’évaluation ou du contrôle des connaissances pour réviser.
  • Un effet flash : les élèves peuvent ressentir un gain de mémoire immédiat, mais cet effet est temporaire.
  • Une rétention à court terme : la mémoire absorbe beaucoup d’informations sur le moment, mais ces informations ne s’ancrent pas durablement dans la mémoire à long terme.
  • Un stress élevé : cette méthode s’accompagne souvent de stress et de fatigue, car l’élève tente de compresser plusieurs heures ou jours d’apprentissage en une session.

Le résultat ? Un oubli presque immédiat.

Ils pensent avoir tout retenu, mais dès le lendemain du contrôle, pouf, une bonne partie s’est envolée. Parce que la mémoire fonctionne exactement à l’opposé de cette approche. Ce n’est pas une question de quantité, mais de répétition dans le temps.

Comme nous l’avons vu dans l’espacement, c’est en revoyant les informations à intervalles réguliers, en petites portions, qu’elles s’ancrent profondément dans la mémoire à long terme.

Moins ils essayent d’en absorber d’un coup, plus ils retiendront sur le long terme.
Votre mission, en tant qu’enseignant, est de les guider vers une méthode plus efficace.


Adieu les révisions-marathon, où ils s’épuisent à avaler le programme en une seule soirée. Bienvenue à l’apprentissage espacé, où chaque jour compte. Encouragez-les à revoir des portions de cours régulièrement, sur plusieurs jours, plutôt que tout d’un coup à la dernière minute.


Un chapitre par jour. Une révision ici, une autre là. Cette méthode leur permet non seulement de mieux retenir, mais aussi de réduire le stress qui accompagne souvent les révisions de dernière minute.


Et ça fonctionne. Pourquoi ? Parce que chaque petite révision renforce ce qu’ils ont déjà appris. 

Cela permet au cerveau de consolider les informations, d’approfondir les connexions neuronales, et de construire une compréhension plus stable et durable. En d’autres termes, c’est comme bâtir une maison brique par brique, plutôt que de tout monter en une nuit et de voir l’édifice s’effondrer le lendemain.

Alors, la prochaine fois que vous voyez vos élèves tenter de tout réviser en un temps record, rappelez-leur : « le binge-learning », c’est fini. 

Place à une révision plus réfléchie, plus régulière, et surtout, bien plus efficace.

 

 

3.Les quiz : vos nouveaux alliés

Vous voulez vraiment maximiser l’apprentissage de vos élèves ? Oubliez les longs monologues ou les définitions fleuves au tableau. Les quiz, voilà votre arme secrète.
Mais attention, il ne s’agit pas de les transformer en évaluations stressantes, avec des notes qui font trembler. Non. Ici, on parle d’un outil ludique, interactif, et surtout puissant.

Chaque question est une invitation à leur cerveau à retenir. Elle lui demande de plonger dans sa mémoire, de retrouver des informations cachées.
C’est là que la magie opère. À chaque fois que les élèves se testent, leur cerveau travaille, et renforce ses connexions neuronales. Ce que les élèves pensaient avoir oublié devient soudain clair.

Chaque réponse, bonne ou mauvaise, ancre un peu plus le savoir.
Et ce n’est pas tout. Les élèves découvrent immédiatement ce qu’ils maîtrisent… et ce qui leur échappe encore. Fini d’avancer à l’aveugle. Le quiz leur montre le chemin. Ils voient en un instant les zones qu’ils doivent encore éclaircir. C’est là que l’apprentissage devient actif. Ils ne subissent plus, ils construisent.


Le meilleur dans tout ça ? C’est fun.

Vos élèves apprennent sans même s’en rendre compte. Les quiz, c’est du jeu. Un jeu où chaque question compte, où chaque erreur devient une leçon. Et plus ils jouent, plus ils retiennent. Pas besoin d’attendre les contrôles. Chaque petit test renforce leur mémoire, petit à petit. Sans stress, sans pression. Le savoir se grave doucement.

En utilisant des quiz régulièrement, vous ne faites pas qu’enseigner. Vous créez des champions de la rétention.

 

 

4.Apprendre en enseignant : les courts exposés

Vous voulez connaître le véritable secret d’une mémorisation profonde ? Enseigner ce que l’on sait. Rien ne fixe mieux une connaissance que l’acte de la transmettre. C’est comme si, en expliquant, le cerveau gravait les informations un peu plus profondément. Parler, c’est apprendre.

Alors, pourquoi se priver de cette méthode ultra-puissante ? Faites expliquer à un élève à son camarade ou à son voisin ce qu’il vient de découvrir.
Cela peut aussi prendre la forme d’une petite présentation, d’un court exposé.
En reformulant avec leurs propres mots, les élèves ancrent des concepts dans leur esprit bien plus solidement qu’en écoutant passivement. C’est là que la magie se produit.

Quand un élève explique, il ne fait pas que restituer une information. Il se l’approprie. Il restructure ce qu’il a appris, il cherche des exemples, il clarifie les zones d’ombre. Et à ce moment-là, quelque chose de profond se passe : il ne subit plus l’apprentissage, il le domine.


Mieux encore : organisez des moments d’enseignement mutuel. L’élève devient enseignant, même pour quelques minutes. Ce rôle change tout. Il n’est plus un simple réceptacle d’informations. Il devient celui qui détient le savoir. Et cette posture fait toute la différence. Le cerveau active des mécanismes de mémorisation à long terme, car enseigner, c’est comprendre.

Vous pensez que ce n’est efficace que pour les élèves ? Détrompez-vous. Vous-même, en tant qu’enseignant, apprenez constamment en transmettant. Vous affinez vos idées, vous les approfondissez à chaque nouvelle explication. Enseigner, c’est l’opportunité d’apprendre à chaque instant.

Pourquoi ? Parce que chaque fois que vous reformulez, que vous transmettez une idée, vous la perfectionnez. Vous éliminez les zones floues, vous explorez de nouvelles connexions. C’est comme polir une pierre brute. Ce qui semblait complexe devient limpide. Ce qui semblait fragile devient solide.


Et devinez quoi ? 

Ce principe fonctionne pour tout le monde. Pour vos élèves, pour vous, pour n’importe qui. Plus on enseigne, plus on apprend. C’est une boucle vertueuse. Apprendre en enseignant, c’est graver dans le marbre.


Alors, la prochaine fois que vous souhaitez aider vos élèves à vraiment retenir, ne vous contentez pas de leur faire écouter. Faites-les parler. Faites-les expliquer. Faites-les enseigner. Vous verrez, la connaissance ne les quittera plus.

 

 

5.Les émotions : cet ingrédient souvent négligé

Vous l’avez sûrement remarqué : vos élèves ne se souviennent pas seulement des faits ou des dates. Ils se rappellent de ce qui les a touchés. Ce n’est pas un hasard. Les émotions laissent une empreinte profonde dans la mémoire. 

Quand un moment est émotionnellement chargé, il devient inoubliable. Ce qui est ressenti reste gravé.

Pourquoi, alors, ne pas utiliser cette force à votre avantage ? Les émotions sont un levier redoutablement efficace pour l’apprentissage. Associer une information à une émotion, c’est comme graver un message dans la pierre. C’est durable. C’est puissant.


Vos élèves retiennent bien plus que des mots : ils retiennent des moments.
Je comprends aujourd’hui la méthode d’enseignement assez particulière d’un enseignant d’histoire dans un collège toulousain dans lequel j’étais intervenu : il venait en tenue d’époque !

Vous imaginez l’ambiance de classe quand il est apparu un beau matin déguisé en Louis XIV pour expliquer le règne du Roi-Soleil.

Ces instants où quelque chose s’est passé dans la classe, où un rire, une surprise, ou même un léger frisson ont bouleversé leur routine. Ce ne sont plus simplement des connaissances qu’ils reçoivent, mais des expériences qu’ils vivent. Et ce qu’ils vivent, ils s’en souviennent.

Comment faire ? Créez des moments émotionnels en classe.
Vous n’avez pas besoin de venir en costume d’époque.

Ajoutez des anecdotes marquantes à vos leçons. Racontez une histoire qui capte leur attention. Que ce soit une situation vécue, un exemple concret, ou un souvenir personnel… vous créez un lien entre le contenu et une émotion. Et ce lien devient indélébile.

Ainsi, votre enseignement ne se résume plus à une série de faits froids.
Vous pouvez aussi aller plus loin. Mettez vos élèves en situation.
Pourquoi ne pas organiser un débat, un jeu de rôle, ou même une petite mise en scène ?

 Ces expériences immersives, où l’élève devient acteur, créent des émotions fortes. L’engagement monte d’un cran, et avec lui, la rétention des informations. Ils ne sont plus de simples spectateurs, ils deviennent les protagonistes de l’apprentissage.


Un débat, par exemple, n’est pas juste un échange d’idées. C’est un moment intense, où chacun doit défendre son point de vue, convaincre, être ému, se confronter aux opinions des autres. Le cœur bat plus fort. Le cerveau, lui, enregistre chaque détail. C’est ça, un moment mémorable.

Un jeu de rôle ? C’est encore mieux. Ils se mettent dans la peau de quelqu’un d’autre, vivent une situation. Leur imaginaire est sollicité, leurs émotions sont déclenchées. Et sans qu’ils s’en rendent compte, ils apprennent et retiennent.

Et n’oubliez pas : même les petites émotions comptent. Un sourire, un éclat de rire, une surprise inattendue. Chaque micro-émotion devient un repère pour la mémoire. Alors, usez-en sans modération. Apprenez à jouer avec les émotions pour créer un apprentissage vivant, vibrant, inoubliable.


En bref, ce qu’ils ressentent, ils ne l’oublieront pas.

 

6.Apprendre en s’amusant et en jouant : les révisions ne doivent jamais être ennuyeuses


Pourquoi faire des révisions un moment statique et ennuyeux, quand vous pouvez faire apprendre vos élèves en jouant ? Quand ils s’amusent, leur cerveau s’ouvre. Apprendre en jouant, c’est transformer chaque révision en une expérience active, vivante et, surtout, efficace.

Utilisez les points 1 à 5 que nous avons vus. Par exemple, imaginez un quiz interactif : dès la première question, la classe s’anime. 

Les réponses fusent, la compétition s’installe, mais dans une ambiance de plaisir. Les élèves ne subissent plus la révision : ils jouent, ils s’investissent, et surtout, ils apprennent. 

Chaque bonne réponse est une victoire. Chaque erreur devient une opportunité de comprendre mieux, tout en s’amusant.

Pourquoi ne pas aller plus loin ? 

Créez des concours entre équipes, où la classe devient un véritable terrain de jeu. 

Les élèves jouent ensemble, se challengent, tout en revisitant les notions clés du cours. Ils apprennent sans même s’en rendre compte, car l’enjeu devient ludique. Le jeu stimule leur attention, active leur mémoire et, sans le savoir, ils retiennent bien plus qu’avec une révision classique.

Les jeux de questions-réponses en classe peuvent eux aussi devenir un moment intense. Pas de pression, juste du jeu. Chaque question est une invitation à jouer avec les connaissances, à fouiller dans sa mémoire pour trouver la bonne réponse. C’est fun, c’est stimulant, et c’est efficace.

Le jeu ne se limite pas au simple divertissement : il fixe le savoir. Apprendre en jouant permet de transformer les moments de révision en expériences inoubliables. L’amusement devient le moteur de l’apprentissage, et ce qu’ils apprennent en jouant, ils le retiennent plus longtemps.

 

 

Pour conclure
Pourquoi se contenter de révisions classiques, quand jouer peut rendre l’apprentissage bien plus enrichissant ? Faites entrer le jeu dans vos révisions, et vos élèves se souviendront de chaque notion… tout en s’amusant.

Vous avez le pouvoir de changer leur rapport à l’apprentissage.

En tant qu’enseignant ou formateur, vous pouvez faire bien plus qu’enseigner. Vous pouvez leur apprendre à se souvenir. Chaque révision planifiée, chaque quiz interactif, chaque expérience émotionnelle que vous créez est une arme contre l’oubli.

Alors, prêts à transformer la façon dont vos élèves retiennent vos cours ?

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